Charbonneau et le Chef
En 1949, à Asbestos, la grève des travailleurs de l’amiante donna lieu à une violence sans précédent dans le monde syndical au Québec. Cette grève provoqua de tels remous qu’elle finit par opposer directement Maurice Duplessis, qu’on surnommait alors «le Chef», et monseigneur Joseph Charbonneau, archevêque de Montréal. Convaincu de la légitimité de sa prise de position devant ce qu’il appelait un «désordre social», Duplessis mit en œuvre tout le poids de son pouvoir politique afin d’évincer Charbonneau dont la sympathie envers les ouvriers le dérangeait souverainement. La grève terminée, la paix sociale revenue, Duplessis délégua à Rome auprès du Saint-Siège des émissaires chargés de porter des accusations graves sur l’attitude «subversive» de l’archevêque. Convoqué par le nonce apostolique, Charbonneau se vit obligé de démissionner de son poste. Par la gravité des enjeux en cause, par l’importance des deux protagonistes de ce véritable drame historique et par la théâtralité même des événements qui se sont déroulés à l’époque, Charbonneau et le Chef est une œuvre dont les échos résonnent encore aujourd’hui avec force et gravité dans un monde où la justice sociale est une préoccupation sans cesse grandissante.