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Duceppe
portrait

Jeunes militant·e·s écolos | Léa Ilardo

22 avril 2022

En ce jour de la terre 2022, et avec la présentation sur nos planches du thriller écologique Pétrole, on avait envie de mettre en lumière les idéaux et le travail de jeunes militant·e·s écologistes qui font une différence immense ici même, au Québec. 

Léa Ilardo

Âge: 24 ans
Analyste politique à la Fondation Suzuki, membre du CA d’ENvironnement JEUnesse, collaboratrice pour la rubrique Urgence Climat (Journal 24 heures).
Veut forcer les autorités à s’investir dans la lutte contre les changements climatiques.

Peux-tu décrire ton engagement écologique en quelques lignes?

Mon engagement a commencé lorsque j'ai mené une campagne contre le gaspillage alimentaire au sein de mon école. J'avais à peu près 15 ans et je ne savais pas trop ce que je faisais, ni pourquoi je le faisais. Ça ne faisait simplement aucun sens qu'on jette toute cette nourriture. À l'Université, j'ai d'abord fait partie d'un comité étudiant qui distribuait des paniers de légumes bio et locaux à petits prix pour la communauté étudiante. Puis en 2019, j'ai été très impliquée dans le mouvement étudiant de grève pour le climat: prises de parole publiques, organisation de manifs, etc. Aujourd'hui, c'est ma job: je suis analyste politique à la Fondation David Suzuki. On peut voir qu'en grandissant, mon implication s'est fortement politisée.

Pourquoi milites-tu pour l'environnement?

Je n'ai pas l'impression de militer pour cette chose abstraite qu'est «l'environnement», quelque chose que l'on se représenterait comme la nature pure et sauvage, intouchable. En fait, je milite pour que l'emportent des valeurs qui me semblent indispensables à une société viable et désirable: la justice, la vérité et la liberté. La crise écologique n'est que le symptôme d'un système qui a été bâti sur des injustices, des mensonges et des oppressions

Ton plus grand moment d’espoir face à la mobilisation sur l’environnement?

On est le 15 mars 2019, et après deux mois de travail acharné, il y a 150 000 personnes dans les rues de Montréal. Je suis blême, ça fait plusieurs jours que je dors vraiment trop peu. Le moment qui symbolise l'espoir est pour moi la seconde où, à l'avant de la manif (on est sur Avenue du Parc), je croise le regard de mon acolyte Dalie avant de fondre en larmes dans ses bras. Sans avoir à échanger un mot, on est en train de se dire: «Regarde ce qu'on vient de faire». On ne voyait pas le début de la manifestation. Je ne suis pas quelqu'un qui pleure facilement, mais c'est vraiment la réalisation de ce qu'on est capables de réaliser, la force qu'on peut avoir, lorsqu'on s'y met ensemble, qui m'a bouleversée. J'avais le sentiment, à ce moment précis, que nous étions en train de faire une différence, et que notre petite histoire était en train de s'inscrire dans la grande.

Ta plus grande peur face à la crise climatique?

Certainement la souffrance, et la victoire de l'horreur sur la beauté. Que les méchant·e·s l'emportent, finalement. 

On nous a habitué·e·s aux histoires qui finissent bien, même si le scénario semble conduire les protagonistes vers la catastrophe. Sauf que là, c'est la vraie vie, c'est précieux, et on a de moins en moins de marge de manœuvre sur le scénario qui se dessine. C'est un peu une peur similaire à celle de grandir, de perdre notre insouciance. J'ai peur que plus jamais, on puisse évoluer dans un état serein (i.e. État de calme, de tranquillité, de confiance sur le plan moral). Puis j'ai peur que l'on se réveille trop tard, alors qu'on baigne déjà dans le non-sens.

L'événement-déclencheur qui a fait en sorte que tu t'es engagé·e activement pour la cause?

La sortie du rapport spécial du Giec (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) sur les effets d'un réchauffement climatique de 1,5 °C, en octobre 2018. Je savais déjà que quelque chose ne tournait pas rond, mais il a suffi de ce rapport, comme la goutte qui a fait déborder le vase, pour que l’on ne doute plus du fait que notre classe dirigeante se moquait, littéralement, de nous. 

Après 30 ans à nous faire croire que tout irait bien si l'on continuait de faire notre recyclage, c'est un mélange d'indignation, de peur et de colère qui s'est emparé de moi et qui m'a politisée, pour que j'en vienne à dire: ça suffit, il faut qu'on s'en mêle.
Des versions courtes de ces portraits accompagnent toutes les représentations de Pétrole, en projections dans le foyer de notre théâtre.