Les héros
«Le vent se lève! Il faut tenter de vivre!» -Paul Valéry Été 1959, sur la terrasse isolée d’un hospice pour anciens combattants, on rejoint trois vétérans de la Première Guerre. Gustave, meneur, bougonneux et secrètement mythomane; Philippe, qui perd connaissance à tout bout de champ à cause d’un éclat d’obus logé dans son crâne; et Henri, vieux garçon rempli de candeur et d’optimisme. Le trio se tient loin des autres pensionnaires, se lamente de l’infirmière autoritaire, se cherche des poux continuellement et... élabore un plan pour voir le monde. Ces trois héros de l’effroyable conflit se retrouveront-ils en Indochine ou sous les peupliers pour un pique-nique? Sur leur terrasse, leur royaume, leur refuge, les trois attachants comparses font la loi. Mais au loin, qu’en serait-il ? Les héros met en lumière trois personnages attendrissants et réjouissants, dont on parle peu au théâtre. Trois hommes revenus d’une guerre atroce, éclopés et laissés pour compte dans un hospice. Malgré un prélude dramatique, voilà une pièce pleine de drôlerie irrésistible, de taquineries perpétuelles et d’affection au masculin. En un hymne à la vie, à la complicité et à la force du rêve, l’auteur français Gérald Sibleyras a écrit une œuvre d’une grande tendresse pour ces trois héros malcommodes, qui ne partiront peut-être jamais, mais qui continueront de rêver. Jour après jour.