La scénographie de Rose et la machine
15 novembre 2021Rencontre avec Patrice Charbonneau-Brunelle, qui signe la scénographie du spectacle Rose et la machine. Suivez à travers ses recherches, croquis, maquettes et schémas, les inspirations qui ont mené à la création du décor de cette pièce documentaire.
«L’idée de ce décor a pris du temps à se développer et a nécessité plusieurs essais. Lors du laboratoire en janvier, on a commencé le travail avec un espace assez neutre, presque clinique. La metteuse en scène Édith Patenaude est arrivée avec l’inspiration du peintre Chris Johanson, un artiste de San Francisco autodidacte. On aimait le parallèle avec Maude Laurendeau, elle-même chercheuse autodidacte dans ce projet. Il y a quelque chose de très ludique et naïf dans les peintures de Johanson qui colle bien à ce spectacle dont le sujet principal est une enfant. J’ai été inspiré par ses représentations de figurines qui, pour moi, évoquent bien tous les personnages interprétés par Julie Le Breton et qui gravitent autour de Maude. Et au final, j’ai été très inspiré par la façon dont il représente la ville dans ses œuvres.»
«Dans ce même laboratoire, on a évoqué avec Édith le jeu The floor is lava, dans lequel on imagine que le sol est recouvert de lave et on doit donc trouver des moyens pour se déplacer sans jamais toucher le sol. On pensait alors à une scénographie assez chargée, avec pleins de constructions, où Maude et Julie devraient se déplacer sans jamais toucher à la scène.»
«Une autre inspiration est aussi apparue en cours de travail: j’ai «flashé» sur le travail du réalisateur Jacques Tati et de son film Playtime. Un film qui parle de notre rapport à la modernité, à l’uniformité des choses, à l’aliénation par le système. Donc on est parti de l’art naïf et coloré de Johanson pour aller vers quelque chose de beaucoup plus schématique avec Tati.»
«Lors du deuxième laboratoire de création au printemps dernier, on n’avait pas encore d’éléments de décor construits et on a donc créé une grille au sol pour délimiter les espaces de jeu. La mise en scène s’y est si bien greffée qu’on a décidé de garder cette grille sur scène dans la scénographie finale. On a même décidé de conserver la même couleur que le ruban adhésif vert qui avait été utilisé par notre directeur technique Normand en salle de répétition. Elle évoque un système très cartésien, l’idée de rentrer dans une case imposée par la société. Et ça rappelle encore une fois plusieurs jeux d’enfants comme la marelle et serpents et échelles. Les comédiennes peuvent maintenant toucher le sol, mais ne se déplacent que sur les lignes de la grille: on évoque ici le jeu d’éviter de piler sur une craque de trottoir, mais à l’envers!»
«Tranquillement les modules se sont formés et, bien qu’on n’y fasse pas toujours référence dans la pièce, on leur a donné les noms de divers endroits emblématiques de Montréal: le Mont-Royal, la Place Ville-Marie, le Stade Olympique, l’Hôtel de Ville, La Ronde et au centre, la maison.»
«Avec ma compagnie Posthumains, que j'ai fondée avec ma collègue Dominique Leclerc, on veut shaker les codes qui sont associés aux spectacles documentaires.»
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