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Duceppe
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Glossaire et survol historique de quelques genres théâtraux

1 novembre 2022

Plusieurs élèves assisteront bientôt à la pièce Showtime — Une grosse pièce de théâtre lors de matinées scolaires. Afin de faciliter leur compréhension, on leur propose un petit glossaire des genres théâtraux, dont certains sont évoqués dans le spectacle.

Recherche et rédaction: Isabelle Desaulniers

LA TRAGÉDIE

La tragédie, inventée par les Grecs (Eschyle, Sophocle et Euripide), est une œuvre dramatique, surtout en vers, qui met en scène des personnages illustres, aux prises avec des conflits intérieurs et voués à un destin exceptionnel, mais malheureux. Ils sont condamnés à vivre une fin terrible. Plusieurs tragédies sont encore jouées et lues aujourd’hui.

Exemples : Phèdre (1676) de Racine et Roméo et Juliette (1597) de Shakespeare

Film de 1996: Romeo + Juliet de Baz Luhrmann

LE DRAME

​​​​​​Le drame vise l’émotion, il fait appel à la sensibilité du spectateur et de la spectatrice. Son intensité dramatique est palpable sans toutefois devenir tragique (des éléments comiques peuvent même être présents), mettant en scène des personnages réalistes unis dans le malheur. Ce qui différencie le drame de la tragédie est notamment l’idée du destin, qui est inéluctable dans la tragédie.

Exemples : La mort d’un commis voyageur (1949) d’Arthur Miller et Albertine en cinq temps (1984) de Michel T​​remblay

  • Le drame bourgeois
    Entre la comédie et la tragédie, le drame bourgeois se veut proche des préoccupations des spectateur·trice·s, visant à les émouvoir et les sensibiliser à la morale de l’histoire. Comme son nom l’indique, ses personnages sont issus de la bourgeoisie, c’est-à-dire des personnes plus riches que les paysans, les artisans ou les ouvriers. Accordant une importance au jeu des acteur.ice.s et au décor, il porte à la scène les malheurs de la vie courante et la vertu. Né au 18e siècle, celui des Lumières, le drame bourgeois s’éteindra avec lui.

    Exemples : Le fils naturel (1757) de Diderot et La mère coupable (1792) de Beaumarchais

    Le personnage de la comtesse dans la Mère coupable, pièce de Beaumarchais. Dessin d'Émile Bayard et Adrien Nargeot pour une édition de 1876. ©Archives Larbor
  • Le mélodrame

    Héritier direct du drame bourgeois, le mélodrame est un genre populaire conventionnel, dont la composition vise à des effets assurés auprès d’un public qui en connaît les règles d’avance. Le mélodrame est ponctué de nombreux rebondissements et il est caractérisé par une certaine invraisemblance de l’intrigue et des situations, des personnages caricaturés (l’orpheline ver­tueuse ou le traître sans vergogne), des ​sentiments exagérés et un but moral: le bien l’emporte sur le mal.

    Exemples: Victor ou l’Enfant de la forêt (1798) de Pixerécourt et Le Bossu (1862) de Féval

LA COMÉDIE

​​Avec pour but de faire rire, la comédie présente certains travers de l’être humain, mettant en évidence par exemple un trait de personnalité ou une situation injuste. Divers procédés comiques peuvent être utilisés: de mots, de gestes, de situation et de caractère. Ici, la critique n’est pas exclue, malgré le jeu comique et les moments absurdes.

Exemples : Les voisins (1982) de Louis Saia et Claude Meunier et Le Dîner de cons (1993) de Francis Veber

La pièce Les voisins de Louis Saia et Claude Meunier présentée chez Duceppe lors de la saison 2000-2001
  • Comédie classique

    On la trouve aux 17e et 18e siècles et elle se distingue par un sujet emprunté à la vie quotidienne, des personnages ordinaires et une action vive, rythmée et aux nombreuses péripéties. Dressant un tableau de la société, son but est de divertir, mais aussi de dénoncer les vices et corriger les mœurs.

    Exemples: Les Femmes Savantes (1672) et Les Fausses Confidences (1737) de Marivaux
  • Le slapstick

    Le slapstick ou comédie burlesque est un style de comédie caractérisé par une violence caricaturale exagérée et un humour physique. Ces types de blagues se distinguent par leur nature visuelle où l’interprète est plus qu’un simple bouffon, il doit souvent être un acrobate, un cascadeur et un maître du timing parfait. Le terme vient de l’anglais «slap stick», c’est-à-dire un «bâton claqueur» qui était à l’origine une pagaie inoffensive composée de deux morceaux de bois qui s’entrechoquaient pour produire un coup retentissant lorsqu’elle frappait quelqu’un.

    Exemples : The tramp (1955) de Charlie Chaplin et The Mask (1994) de Chuck Russell (avec Jim Carrey)

    Le film The Mask (1994) de Chuck Russell, avec Jim Carrey

  • Le vaudeville

    Le vaudeville ou théâtre de boulevard, forme de comédie née au 19e siècle, est un mélange entre le comique de situation et le comique de mots. Enchaînant jeux de mots et situations cocasses, le vaudeville se caractérise par un humour parfois prévisible et la présence de plusieurs rebondissements et quiproquos. Pensons à cette scène devenue célèbre de l’amant dans le placard et l’emblématique «Ciel, mon mari!».

    Exemples: Un chapeau de paille d’Italie (1851) d’Eugène Labiche et La Dame de chez Maxim (1899) de Georges Feydeau

LE THÉÂTRE DE L’ABSURDE

L’absurde, c’est-à-dire ce qui échappe à toute logique, caractérise les pièces de plusieurs dramaturges du milieu du 20e siècle. Ces créateurs partagent la même rupture totale avec les conventions traditionnelles du théâtre et la volonté de déconstruire les personnages, le langage et l’intrigue.

Exemples: La Cantatrice chauve (1951) d’Eugène Ionesco et En attendant Godot (1952) de Samuel Beckett

LA COMÉDIE MUSICALE

La comédie musicale est un genre théâtral où s’entremêlent la comédie, la musique et la danse. En général, les personnages passent naturellement de l’expression réaliste à un univers onirique où tout devient possible en danses et en chansons. La comédie musicale s’est particulièrement développée aux États-Unis et le terme évoque de nos jours plus spécialement Broadway.

Exemples: Cats (1981) d’Andrew Lloyd Webber et Notre-Dame de Paris (1998) de Luc Plamondon et de Richard Cocciante

Production de Cats d’Andrew Lloyd Webber à Paris en 2015

LE THÉÂTRE EXPÉRIMENTAL

Le théâtre expérimental est une qualification utilisée pour désigner les spectacles qui ne suivent pas les principes habituellement rencontrés. Tentant de nouvelles expériences, ses représentations sont difficilement classifiables.

Exemples: Vie et mort du roi boiteux (1981) de Jean-Pierre Ronfard (Nouveau Théâtre Expérimental) et Le Dortoir (1988) de Gilles Maheu (Carbone 14)

LE THÉÂTRE D’OBJETS

Le théâtre d’objets est un genre au centre duquel on retrouve non pas la figure humaine, mais des objets courants. Ces derniers ne sont plus utilisés comme accessoires ou décors, mais servent à évoquer un personnage, ou un animal, avec lequel l’interprète pourra dialoguer ou interagir lors de la représentation.

Exemples: Villes (2014) d’Olivier Ducas (Théâtre de la Pire Espèce) et Kiwi (2009) de Daniel Danis (La tortue noire)

Kiwi (2009) de Daniel Danis (La tortue noire), photo: Patrick Simard (https://latortuenoire.com/)

LE THÉÂTRE DOCUMENTAIRE

Le théâtre documentaire traite d’évènements politiques, sociaux, historiques ou contemporains. C’est un documentaire, mais sur scène. Reportages, comptes rendus, entrevues et autres documents juridiques ou historiques constituent ses sources. Le matériel authentique est livré, en règle générale, de manière inchangée.

Exemples: J’aime Hydro de Christine Beaulieu (Porte Parole) et Tout inclus de François Grisé (Porte Parole)

J’aime Hydro de Christine Beaulieu (Porte Parole), photo: David Mendoza-Hélaine

LE THÉÂTRE D’IMPROVISATION

Le spectacle d’improvisation est une création théâtrale sans texte, sans répétitions. Ce genre existe depuis des siècles, les tragédies grecques, apparues dès 550 av. J.-C., n’ayant elles-mêmes qu’une trame d’histoire et divers personnages. Les textes joués étaient alors improvisés par chaque troupe. On la retrouve aussi dans la commedia dell’arte, avec ses artistes qui sillonnent les villes et offrent spectacles et scènes improvisées sur les places publiques, dès le 16e siècle.

À noter! Le match d’improvisation théâtrale a été créé en 1977 à Québec par Yvon Leduc et Robert Gravel. Témoins à l’époque de la désaffection des théâtres au profit des patinoires de hockey, ces deux comédiens ont eu l’idée d’utiliser le décorum et les règles de ce sport pour proposer du théâtre improvisé. Aujourd’hui, Le Théâtre de la Ligue Nationale d’Improvisation (LNI) est une véritable institution.

LNI, 2020 (https://lni.ca/)