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Duceppe
Entrevue

Entrevue avec Christine Beaulieu

10 janvier 2018

Entrevue – Christine Beaulieu

Passionnément, à la folie: on aime Christine!

Depuis sa création, J’aime Hydro a conquis les critiques et passionné un vaste public. Ce spectacle documentaire d’exception, présenté à guichets fermés partout au Québec, a récolté plusieurs distinctions, dont celle du meilleur spectacle de l’année, section Montréal, par l’Association québécoise des critiques de théâtre et le prix Michel-Tremblay pour le meilleur texte porté à la scène. J’aime Hydro figurait aussi parmi les finalistes pour le Grand Prix du Conseil des arts de Montréal et pour les prestigieux Prix littéraires du Gouverneur général. Et cette production de Porte-Parole et Champ Gauche n’a pas fini de frapper fort. Entretien avec l’autrice et comédienne.

Vous avez créé la surprise avec cette pièce de théâtre documentaire. Vous vous y attendiez?

Non, pas du tout. Et, si vous le permettez, j’aimerais en profiter pour mettre en lumière l’équipe qui m’entoure. Annabel (Annabel Soutar, directrice artistique et fondatrice de Porte Parole), Philippe (Philippe Cyr, metteur en scène) et les deux Mathieu (Mathieu Gosselin, acteur et Mathieu Doyon, acteur et concepteur sonore) se sont complètement mis au service de J’aime Hydro et tous les objectifs individuels ou personnels ont pris le bord! Ensemble, on s’est rassemblé·e·s, tissé·e·s serré·e·s, autour de cette histoire et sur la meilleure façon de la livrer au public. J’ai le sentiment, qu’à un moment donné, elle nous a dépassé·e·s. Elle est devenue plus grande que nous. Une chose est certaine, sans chacun de ces allié·e·s, sans leur humilité, leur talent, leur intelligence, leurs encouragements, on n’en serait pas là. Jamais. Ce succès, c’est aussi le leur.

Pensiez-vous que votre spectacle pouvait trouver écho en dehors du Québec?

Les invitations pour jouer la pièce en France et en Belgique m’ont étonnée. En même temps, avec J’aime Hydro, tout me dépasse! Personnellement, je ne croyais pas que ça pouvait toucher un public hors du Québec. Mais, certain·e·s créateur·trice·s qui tournent à l’international et qui ont vu le spectacle, comme Robert Lepage ou Marie Brassard, m’ont dit que J’aime Hydro avait vraiment beaucoup de potentiel à l’extérieur. Qu’au fond, ce sont souvent les enjeux locaux qui intéressent les étranger·ère·s. Sans compter qu’aujourd’hui, les défis autour de l’énergie sont planétaires.

D’un niveau plus théâtral, est-ce qu'on peut dire que c'est l’amour qui porte la pièce du début à la fin?

Oui. À un moment donné, on s’est dit que le moteur de notre enquête était «l’amour». D’abord, parce que le lien affectif que nous avons avec Hydro-Québec nous est apparu très théâtral. C’est une société d’État, donc, quelque part elle nous appartient à tous et toutes. On y est aussi lié·e·s de manière culturelle, car c’est la première grande entreprise gérée en français en Amérique du Nord. Sans compter qu’Hydro-Québec est liée à notre Révolution tranquille, on y associe des leaders mémorables de notre histoire, René Lévesque, Jean Lesage, Jacques Parizeau… On est attaché à Hydro, il faut l’avouer, et de façon beaucoup plus émotive qu’à probablement n’importe quelle autre entreprise au Québec. Comme dans une relation amoureuse, on est uni·e·s à Hydro quotidiennement, c’est incontournable. On est dépendant·e, on a besoin l’un·e de l’autre.

Puis, le récit a débordé sur mes propres difficultés relationnelles et amoureuses, malgré ma pudeur et mes réticences au départ. Mais, en même temps, pendant une bonne partie du processus de création de J’aime Hydro, je vivais ce que je vivais: j’étais au cœur d’une peine d’amour. Annabel jugeait important que l’on partage ça également aux spectateur·trice·s. J’ai trouvé difficile le fait de m’ouvrir publiquement avec mes histoires de cœur, mais finalement, je pense qu’elle a eu raison d’ajouter cette trame plus intime au récit.

Vous vous êtes entretenue avec le premier ministre François Legault. Êtes-vous satisfaite de cette rencontre?

Le fait que ce tête-à-tête ait eu lieu me touche beaucoup. Le premier ministre et son équipe des communications savaient que mon opinion sur l’avenir du développement hydroélectrique différait de leur propre vision. Cette ouverture au dialogue, malgré nos divergences, malgré nos désaccords, je la trouve saine dans une démocratie, je la trouve rassurante.

Avait-il vu le spectacle?

Non, mais plusieurs personnes de son entourage l’avaient vu. M. Legault savait exactement dans quoi il s’embarquait en acceptant de me rencontrer. Son équipe aux communications a d’ailleurs été formidable. Je fais toujours approuver le montage audio de ce que je retiens de mes discussions dans ce projet. C’est essentiel pour moi que tous les intervenant·e·s soient en accord avec le contenu que je présente dans le spectacle.