Un tramway nommé Désir
La scène se passe dans le quartier français de la Nouvelle-Orléans dans ce quartier sensuel et décadent d’où l’on hume l’haleine chaude et huileuse de la rivière, les relents de banane et de café et où l’on entend ces blues que les Noirs jouent sur des pianos fatigués et malingres. Cette décadence, que l’on retrouve toujours, avec les mythes de grandeur à l’autre pôle, dans la légende du Sud, est partout perceptible dans ce quartier. Et de façon encore plus évidente pour un nouvel arrivé. C’est justement le cas de Blanche, l’héroïne de la pièce, qui arrive rue des Champs Élysée après avoir pris un tramway nommé Désir. Ex-belle dame du Sud qui veut projeter sur autrui une image de classe et de distinction, elle ne peut manquer d’être choquée par ce qu’elle découvre chez sa sœur Stella. À partir de cet instant, on assiste à la longue descente aux enfers d’un personnage qui illustre la décadence d’une certaine civilisation, qui en est consciente mais qui est bien loin de l’accepter.