La suspension consentie de l’incrédulité
«Le moment que je préfère quand je vais au théâtre, c’est celui-là: au tout début, quand on nous demande d’éteindre le cellulaire. On se coupe de nos notifications incessantes. On lève les yeux pour s’ouvrir à l’horizon.» Au fil des ans, l’animatrice, autrice et journaliste Émilie Perreault est aussi devenue «spectatrice professionnelle.» Avec La suspension consentie de l’incrédulité, la voilà qui se lance dans l’aventure scénique, montant sur les planches pour la première fois afin de dire à quel point elle voudrait… ne pas y être!
Ce solo « métaphysique-feel-good » présenté en formule 5 à 7, est une réflexion sur le rôle fondamental de spectateur·trice: pourquoi s’assoit-on dans une salle de spectacle pour se faire raconter quelque chose qui n’est pas vrai? Pourquoi en a-t-on besoin?
La suspension consentie de l’incrédulité tire sa matière dans deux essais salués qu’Émilie Perreault a publiés (Faire œuvre utile et Service essentiel: comment prendre soin de santé culturelle). Elle y revisite divers spectacles marquants auxquels elle a assisté et les récits de gens croisés au fil de son CV de spectatrice. Mary Poppins y côtoie aussi bien Robert Lepage qu’Éric-Emmanuel Schmitt, alors que la musique de Patrick Watson ou les spectacles du Club des 100 watts ne sont jamais bien loin. «Le théâtre est un endroit où je vais prendre soin de moi. J’ai envie que les gens le voient un peu comme ça. Parce que souvent, la culture, c’est le truc qu’on fait à la fin de la semaine s’il nous reste du temps. Ce n’est pas vu comme essentiel. Alors qu’on devrait s’en faire des rendez-vous. Et moi, je pense que je suis la somme de ce que j’ai vu, de ce que j’ai lu. Chacune de ces œuvres façonne un peu la personne que je suis », expliquait Émilie Perreault au Devoir. Et vous, pourquoi êtes-vous ici?
Programme — La suspension consentie de l’incrédulité
Émilie Perreault monte sur scène [Bonsoir, bonsoir, Ici Télé]
«Ce spectacle est plus particulièrement un hommage à l’art vivant et une célébration du rôle de spectateur. On ne parle jamais des spectateurs, et pourtant, sans eux, le spectacle n’existe pas. Ce que je questionne et célèbre, c’est ce geste de sortir de chez soi, de prendre une pause de nos vies qui sont si occupées pour aller s’asseoir dans une salle et se faire raconter une histoire, souvent fictive, mais à laquelle on accepte de croire. C’est La suspension consentie de l’incrédulité. Pour moi, c’est un besoin essentiel, croire.»
«Aller au théâtre, c’est une façon d’entretenir notre humanité. Et en ces temps économiques difficiles où les salles éprouvent plus de difficultés à se remplir, on constate à quel point la présence des spectateurs est cruciale.