
Pourquoi aller voir Paul à la maison sur scène (selon Michel Rabagliati)
2 juin 2025Entretien avec Michel Rabagliati
Avec sa série Paul, Michel Rabagliati est devenu une figure incontournable de la bande dessinée au Québec. Depuis 1998, ses bandes dessinées révolutionnent le 9e art québécois. Paul à la maison est la première adaptation théâtrale de l’un de ses livres.
Rédaction: Le Trident
Le Trident: Qu’est-ce que ça vous fait de voir Paul sur scène?
Michel Rabagliati: Pour le moment, je ne l’ai pas vu encore, j’ai juste lu! [NDLR: l’entretien a été réalisé quelques jours seulement avant la présence de Michel en salle de répétition pour la première fois]. Je trouve qu’Anne-Marie a fait une superbe adaptation. Elle a gardé les bons bouts, et, avec Lorraine, elles ont mélangé certains trucs, elles ont scindé les affaires pour que ça aille plus vite et qu’il n’y ait pas de redites. Il y a beaucoup de changements de scènes, puis de déplacements, puis de changements de costumes rapides parce que ça va vite et les scènes sont courtes! Je trouve ça super! C’est une écriture spécialisée que je ne connais pas et j’ai très bien fait de ne pas m’en mêler!
Le Trident: La conception du spectacle a été un grand travail d’équipe entre Anne-Marie et Lorraine, entre autres, mais aussi entre les concepteur·ices qui voulaient respecter tout l’univers de Paul. Vous avez aussi participé à la création de l’environnement, non?
Michel Rabagliati: Oui! Je suis justement en train de travailler sur les dessins pour Étienne [NDLR: Étienne d’Anjou, concepteur vidéo et interprète dans le spectacle], je suis content, c’est très le fun à faire et je pense que ça marche de mettre des décors dessinés, j’ai vraiment hâte de voir ça.
Le Trident: Vous redessinez les décors de Paul, mais sans les personnages?
Michel Rabagliati: Oui! Je ne voulais pas voir Paul avec ses gros sourcils! On a juste les décors: la rue, des murs, des portes, des escaliers, tout ça, mais il n’y a pas de personnages dedans. Ce sont vraiment les interprètes qui vont habiter l’espace. Moi, ma mission, c’était d’enlever du contenu parce qu’il y a trop de monde dans les cases. Je remplace des personnages par des arbres ou des plantes ou des portes, des chaises, puis ça disparaît. C’est le fun à faire, et je pense que ce sera vraiment beau!
Le Trident: Vous avez aussi fait une esquisse de Paul en Hugues? [NDLR: Hugues Frenette, interprète de Paul dans le spectacle] Ou de Hugues en Paul? Je ne sais pas trop dans quel ordre le mettre!
Michel Rabagliati: (Rires) Dès le début avec l’équipe, on a convenu qu’on ne voulait pas voir le Paul des bandes dessinées. On s’est dit: «maintenant, c’est Hugues, l’auteur de BD, c’est lui qui devient Paul. S’il a à apparaître, on va faire un Hugues dessiné». Alors c’est ce que j’ai fait! Il faut oublier le personnage avec les gros sourcils. Maintenant, c’est sous les traits de Hugues qu’on voit le bédéiste!
Le Trident: Est-ce que ç’a été difficile de faire ça? Paul est votre alter ego, votre personnage après tout!
Michel Rabagliati: Je n’ai eu aucune appréhension puisque c’est ce qu’il fallait faire. Paul à la maison, c’est l’histoire d’un gars, un auteur de BD qui traverse une mauvaise passe, il faut que ce soit les interprètes que l’on voit, tout le long. Et s’il a à dessiner du monde, même si les dessins sont de moi, on aura l’impression que c’est lui qui dessine. S’il se dessine lui-même, il faut qu’il se dessine comme une caricature de lui-même, c’est-à-dire avec l’air qu’il a. Je dirais que le dessin que j’ai fait est assez proche de lui!
