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Martin Luther King en cinq moments clés

7 février 2022

Martin Luther King Jr. (1929-1968) est l’une des figures les plus célèbres du mouvement de lutte pour les droits civiques aux États-Unis, c’est-à-dire la lutte des Noir·e·s américain·e·s pour l’égalité politique et sociale.

Né le 15 janvier 1929 à Atlanta, en Géorgie, dans le sud des États-Unis, il prend conscience dès l’âge de six ans de la ségrégation lorsque deux enfants blancs lui disent qu’ils n’ont plus le droit de jouer avec lui. Bien que l’esclavage ait officiellement été aboli aux États-Unis en 1865, c’est près d’un siècle de ségrégation qu’ont subie les Noir·e·s dans les États du Sud. Écoles, toilettes, abreuvoirs et ascenseurs séparés: la ségrégation est institutionnalisée. Elle est même légale.

Marchant dans les pas de son père pasteur de l’Église baptiste et dirigeant local de la NAACP, organisation de défense des droits civiques des Noir·e·s, Martin Luther King décroche un diplôme de sociologie et est ordonné pasteur baptiste à 19 ans. Trois ans plus tard, il rejoint l’université de Boston. Il y rencontrera la femme qu’il épousera le 18 juin 1953, Coretta Scott, et avec qui il aura quatre enfants.

Martin Luther King a dirigé le mouvement de lutte pour les droits civiques aux États-Unis du milieu des années 1950 jusqu’à sa mort. Au cours des onze années entre 1957 et 1968, il aurait parcouru 9,6 millions de kilomètres, apparaissant partout où il y avait des injustices. Il sera emprisonné de nombreuses fois.

Symbole d'une résistance non violente, Martin Luther King a activement lutté pour les droits des Afro-Américain·e·s. Son implication contribuera largement à la suppression de la ségrégation légale des Noir·e·s américain·e·s dans le Sud et dans quelques autres régions des États-Unis.

Retour sur cinq moments de sa vie qui ont marqué l’histoire.


Décembre 1955: le boycottage des bus de Montgomery

En décembre 1955, à Montgomery, en Alabama, une femme noire reste assise calmement dans un bus, refusant de céder sa place à un passager blanc. C’était Rosa Parks, une couturière de 42 ans. Les bus de Montgomery étaient, rappelons-le, des lieux ségrégués, les quatre premiers rangs étant réservés aux Blanc·che·s, alors que les Noir·e·s constituaient 75 % des utilisateur·trice·s. Le chauffeur contacte la police et Rosa Parks est arrêtée pour trouble à l’ordre public. Cette arrestation génère une vive indignation collective. Martin Luther King, un pasteur noir de 26 ans, alors inconnu, membre du comité exécutif de l’Association nationale pour l’avancement des personnes de couleur, lance une campagne de protestation et de boycottage contre la compagnie de bus.

© GETTY

Le lendemain, les bus sont vides de passager·ère·s noir·e·s. Pendant 380 jours, les Noir·e·s de la ville boycottent la compagnie, font leurs trajets à pied ou prennent des taxis conduits par des Afro-Américain·e·s qui proposent le même tarif que le billet d’autobus. Le mouvement a des répercussions internationales, des gens envoient de l’argent de partout, pour soutenir la cause des militants et des militantes de Montgomery.

Un an après le début du boycottage, le 21 décembre 1956, après que la Cour suprême des États-Unis eut déclaré inconstitutionnelles les lois exigeant la ségrégation dans les bus, Noir·e·s et Blanc·hes·s y montent désormais sur un pied d’égalité.


Martin Luther King devient un leader noir de premier plan et ses discours éloquents incitent les gens à lutter contre la ségrégation. Mais la réponse des suprématistes blancs est vicieuse: sa famille reçoit des menaces et sa maison est bombardée. Mais, toute sa vie, Martin Luther King refusera d’entrer dans l’engrenage de la violence.


28 août 1963: I Have a Dream


Au cours des années 50 et 60, la contestation contre les discriminations raciales encore en vigueur dans plusieurs états américains devient de plus en plus active et de nombreux rassemblements non violents sont organisés. Emprisonné après l’un d’eux, Martin Luther King écrira en avril 1963 sa célèbre «Lettre de la prison de Birmingham» dans laquelle il définit sa lutte contre la ségrégation. Cette lettre lui vaudra le soutien du président Kennedy et d’être libéré quelques jours après. Ainsi, le 28 août 1963, il dirige la «Marche sur Washington pour l’emploi et la liberté» qui attire environ 250 000 personnes à Washington. Un moment clé du mouvement des droits civiques.

Cette manifestation, la plus grande ayant eu lieu jusque-là dans l’histoire de la capitale américaine, revendique notamment la fin de la ségrégation raciale dans les écoles publiques, une protection des militant·e·s contre la violence policière et un salaire minimum de 2$ l’heure, pour tous les travailleur·euse·s sans distinction. Parmi les artistes qui soutiennent l’initiative, on retrouve Marlon Brando, Paul Newman, Joan Baez, Bob Dylan et Joséphine Baker.

Martin Luther King y prononce l’un des discours les plus inspirés et influents des temps modernes: «I Have a Dream». Il y partage son rêve d’une Amérique unie et appelle à lutter pour l’égalité, sans violence, amertume, ni haine. 

«Je fais le rêve que mes quatre enfants vivront un jour dans une nation où ils ne seront pas jugés selon la couleur de leur peau, mais sur la valeur de leur caractère. Je fais ce rêve aujourd'hui.» - Martin Luther King
© GETTY - CNP


Un an plus tard, Martin Luther King et le mouvement des droits civiques remportent une victoire historique. Le président Lyndon B. Johnson signe le Civil Rights Act à la Maison-Blanche le 2 juillet 1964. Cette législation d’envergure rend illégale la discrimination selon la race, la religion, le sexe ou l’origine nationale dans les bâtiments publics, dont les écoles, ainsi que dans les pratiques d’embauche et le processus électoral. 


14 octobre 1964: le prix Nobel de la paix


Un an après son célèbre discours, Martin Luther King reçoit le prix Nobel de la paix pour sa résistance non violente à la ségrégation raciale. À 35 ans, il est le plus jeune lauréat de cette récompense qui lui est remise le 10 décembre 1964 à Oslo, en Norvège.


4 avril 1967: la guerre du Vietnam


Vietnam. Le 4 avril 1967 à New York, un an, jour pour jour, avant sa mort, il livre le discours «Beyond Vietnam - A Time to Break Silence», un implacable réquisitoire contre l’intervention américaine, «symptôme d’une maladie plus profonde de l’esprit américain».

«Je dirai que je suis opposé à la guerre du Vietnam parce que j’aime l’Amérique. Ce qui m’inspire n’est pas la colère, mais la crainte et le chagrin, et le profond désir de voir notre pays bien-aimé être un exemple moral pour le monde. Je m’oppose à cette guerre parce que je suis déçu de l’Amérique. Je suis déçu de constater notre incapacité à nous attaquer positivement et avec franchise aux trois maux que sont le racisme, l’exploitation économique et le militarisme», y exprimera-t-il.

Il y dénonce l’attitude des États-Unis et fustige le gouvernement en l’accusant d’être «devenu le plus grand fournisseur de violence dans le monde d’aujourd’hui». Il s’engage contre cette guerre, qu’il considère comme un acte criminel



4 avril 1968: son assassinat

Le 3 avril 1968, Martin Luther King est en déplacement à Memphis pour y soutenir les éboueurs noirs en grève depuis le 12 mars afin d’obtenir un meilleur salaire et un meilleur traitement. Devant une foule euphorique, il y prononce «I've Been to the Mountaintop», qui sera son ultime discours et que certains qualifient de prophétique.

«Eh bien, je ne sais pas ce qui va arriver maintenant. Nous avons devant nous des jours difficiles. Mais peu m’importe ce qui va m’arriver maintenant, car je suis allé au sommet de la montagne. Je ne m’inquiète plus. Comme tout le monde, je voudrais vivre longtemps. La longévité a son intérêt. Mais je ne m’en soucie guère maintenant.» - Martin Luther King

Le lendemain, Martin Luther King est tué par balle alors qu’il se tenait sur le balcon du Lorraine Motel où il logeait. À la suite de sa mort, une vague d’émeutes balaie les grandes villes des États-Unis, tandis que le président Johnson déclare une journée de deuil national.

© PHOTOGRAPH BY JOSEPH LOUW / THE LIFE IMAGES COLLECTION / GETTY
© LANCE MURPHEY FOR THE NEW YORK TIMES

James Earl Ray, un prisonnier évadé et raciste connu, plaide coupable du meurtre et est condamné à 99 ans de détention. Plus tard, il rétractera ses aveux et gagnera des défenseurs improbables, y compris des membres de la famille King.

En 1983, le président américain Ronald Reagan signe un projet de loi créant un jour férié fédéral en l’honneur de Martin Luther King. Observé le troisième lundi de janvier, le Martin Luther King Day a été célébré pour la première fois en 1986.