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Les costumes d'Incendies: rencontre avec Sophie El-Assaad
6 novembre 2024
Pour illustrer les différentes époques dans lesquelles les personnages d’Incendies évoluent, la conceptrice Sophie El-Assaad a imaginé des costumes aux multiples couches, tout en superpositions, en écho au passé et aux traumas que les personnages portent en eux. Dans cette capsule, elle explique la signification symbolique de certains costumes, des «œuvres d’art à part entière» (atuvu.ca) et nous en dit plus sur la réflexion qui l’a guidée dans ses choix.
Vous trouverez ici la transcription des propos tenus dans la capsule vidéo
Ma conception en trois mots je dirais le sédiment, la poésie et la fracture.
L'architecture du texte qui est vraiment incroyable m'a donné vraiment toutes les bases que j'ai prises pour faire la conception.
Il y a beaucoup de symbolisme qui existe dans les costumes.
On voit comment cette guerre a laissé sa trace sur la matière.
Dans beaucoup de mes images de recherche, j'ai trouvé la présence de couches, cette idée de devoir reconstruire ce qui a été brisé encore et encore et encore.
Je dirais, par exemple, avec le personnage de Nawal, le poids de son histoire.
J'ai voulu montrer ça à travers des couches et des couches de tissu et de traces.
Qu'est-ce qu'elle apporte avec elle qu'elle ne peut pas oublier ?
Cet enfant devenu homme, devenu abuseur de Nawal, mais c'est un gars qui s'est retrouvé orphelin, qui s'est retrouvé dans les mauvaises mains, dans une guerre, qui est perdu, il ne sait pas qui il est.
Il y avait cette idée-là de clown, de showman.
On s'est quand même inspiré·es de cette idée de glam, de glamrock.
Donc il a ce côté vraiment...
spectacle, mais un peu absurde, un peu poussé dans l'extrême.
Visuellement aussi, je dirais que je me suis vraiment inspirée de la nature.
C'était quand même une référence très poétique qui existait dans le texte, en faisant référence par exemple à la montagne, aux étoiles qui existaient dans l'enfance de Nawal et dans ses souvenirs positifs.
La façon que la nature a la possibilité de repousser et de se reconstruire malgré une tragédie comme un incendie.
La nature est capable de se redéfinir et donc il y avait ça que je trouvais intéressant.
Et donc il y a quand même beaucoup de motifs floraux qui existent dans les personnages qui sont supposés morts dans le texte, pour leur donner ce pouvoir d'exister encore, de se transformer.
Le traitement, le bricolage, le fait que les éléments des costumes sont en fait des morceaux d'autres costumes, sont en fait traités comme un collage, comme cette idée de reconstruire ce qui est déconstruit, de devoir mettre plein de morceaux ensemble pour essayer de trouver ce que ça veut dire.
C'est extrêmement important de raconter cette histoire maintenant et je me sens tellement fière de pouvoir le faire.
