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Duceppe
comédie

Monter une pièce de théâtre professionnelle avec son enfant de 3 ans en 10 étapes faciles

3 septembre 2024
© Nicolas Michon
Collaboration spéciale
Sara Karel Chiasson et Mathieu Lepage (cocréateur·ices du spectacle Jayden)

Au tout début du début, l’idée de génie d’intégrer littéralement notre enfant à notre spectacle, c’était pour répondre à un besoin pratique: on n’avait pas de place en garderie. Après, on s’est convaincu que c’était la bonne chose à faire pour que l’histoire et le propos de la pièce cohabitent, afin de créer une expérience théâtrale unique. (Nous étions jeunes et fous de croire que ce serait facile!) Depuis qu’on est parents, on entend souvent l'expression: “Y’a pas de mode d’emploi pour un enfant, on apprend sur le tas.” J’vous dirais que de l’inclure dans une production théâtrale, c’est complètement next level pis le tas on se l’est pris en pleine gueule. Peut-être que si nous avions eu accès à un mode d’emploi, nous aurions mieux évalué l’ampleur du défi? (Ou probablement, juste abandonner l’idée ;))

Voici donc, pour celles et ceux qui voudraient tenter l’expérience : notre mode d’emploi. Nos conseils non sollicités de parents pour ceux et celles qui auraient PEUT-ÊTRE envie un jour de travailler avec leur enfant de 3 ans sur scène. Voyez ça comme… un post-mortem collectif.

De rien.

1. Préparation initiale 

Évaluer les besoins spécifiques de l'enfant et adapter les répétitions pour garantir son confort et sa sécurité.

Et jeter la préparation initiale parce que sincèrement, ça va foutre le camp assez rapidement avec l'arrivée de l’enfant en salle de répétition qui s’amuse à enlever les petits bouts de tape de la plantation du décor.

2. Création d’un environnement sûr

Assurer une scène sécurisée en éliminant les risques potentiels et en créant un espace adapté à un jeune enfant.

Évidemment noter que des crises potentielles peuvent survenir si un des jouets préférés de l’enfant reste sur scène lorsqu’il doit sortir en coulisse pour la prochaine scène.

3. Répertoire simplifié

Abréger les dialogues et les actions pour correspondre aux capacités cognitives et motrices de l’enfant.

Ou juste essayer de parler plus fort que l’enfant et éviter tout contact visuel avec lui pour que les deux parents puissent réussir à se rendre au bout de la scène.

4. Répétitions adaptées

Planifier des répétitions courtes et fréquentes pour maintenir l’attention et l’intérêt de l’enfant sans le surcharger.

Et changer l’horaire de répétition des millions de fois parce que personne n'est disponible en même temps.

N. B. Ne pas répéter lorsque l’enfant n’a pas dîné, s’est fait croquer le doigt par un ami à la garderie et qu’il n’a pas fait de sieste. Cauchemar.

5. Encadrement bienveillant

Nommer un adulte référent pour soutenir l’enfant pendant les répétitions et les représentations, offrant encouragement et réassurance.

Ça, je nous donne la note de 10/10. Merci Rosie-Anne.

6. Routine stabilisante

Établir un rituel avec des moments de repos et des pauses pour éviter la fatigue excessive.

Ou changer la routine préétablie, par une multitude de collations cachées dans nos poches de costumes.

7. Flexibilité

Être prêt·e à ajuster le script ou les performances en fonction de l’humeur et des besoins de l’enfant.

(Ça, c’est vraiment quelque chose qu’on savait depuis le début. Mais qu’on a commencé à comprendre à 2 semaines de la première du spectacle.) 

Avoir dans la tête des parents comédien·nes, plusieurs scénarios possibles et être prêt·es à tout moment à improviser. Comme les acrobates, se créer un filet de sécurité immense et s’imaginer qu’il est encore là pendant le spectacle.

8. Communication claire

Utiliser un langage simple et direct pour interagir avec l’enfant et expliquer les actions sur scène.

Ou tout simplement limiter les actions de l’enfant sur scène. Et les attentes. C’est pas parce qu’il sait parler qu’il peut jouer sur scène.

9. Interactions positives 

Encourager des interactions chaleureuses entre l’enfant et les autres membres de la production pour favoriser une bonne ambiance.

Faire un album photo avec les portraits de chaque membre de l’équipe pour aider l’enfant à comprendre c’est qui tout ce monde-là. Pis s’habituer à entendre “C’est qui ça?” quand on joue devant un public inconnu.

10. Célébration des succès 

Célébrer les petites victoires et les progrès de l’enfant pour renforcer sa confiance et son enthousiasme.

Et ne pas avoir peur de faire du bad parenting en offrant à la fin de la répétition une crème glacée juste en face du théâtre. Merci Chocolats Favoris. 

(On écrit ça en espérant qu’ils nous envoient une carte-cadeau de 500$, le montant que vont nous avoir coûté toutes ces sorties à la crèmerie de la récompense.)

Ne pas oublier, notre plus grande inspiration pour ce spectacle : https://www.facebook.com/reel/1204163950573585

📷 Nicolas Michon