Sébastien Harrisson

C’est un jeune écrivain engagé, vif, à l’intelligence aiguisée et à la plume lumineuse que Sébastien Harrisson. Son texte, L’espérance de vie des éoliennes, qui a d’ailleurs fait l’objet d’une lecture publique dirigée par Monique Duceppe, en mars 2009, est sa première œuvre à être présentée chez Duceppe. En retraçant son parcours déjà imposant, on constate que cet auteur fait indéniablement partie de ceux qui marqueront les écrits de la dramaturgie québécoise actuelle. Pour Sébastien Harrisson, «écrire du théâtre, aujourd’hui et demain, est et sera écrire en temps de Guerre.» Un théâtre, donc, qui tient compte d’une réalité extérieure, qui n’est pas replié sur lui-même et qui mêle avec justesse la grande histoire aux drames intimes des personnages. À la fois bien ancré dans notre réalité, son théâtre transpose, transporte, ouvre sur de nouvelles interprétations, rêve et voyage. Il résonne d’actualité tout en offrant une fiction riche, pénétrante et savamment construite. En 2005, Le Monde disait de lui qu’il était «un auteur doté d’une voix originale, qui embrasse le monde contemporain avec un lyrisme à la lisière du fantastique.» Originaire de la Gaspésie, Sébastien Harrisson fait des études universitaires en littérature et complète sa formation en écriture dramatique à l’École nationale de théâtre. Depuis, son travail a été vu et apprécié tant au Québec qu’à l’étranger. Ses textes sont traduits en flamand, en anglais ainsi qu’en espagnol. Partout et en même temps, on découvre ce dramaturge bien de son temps, novateur et aux mots percutants. C’est d’abord grâce à la pièce Floes que le public l’a découvert. Montée en 2001 pour la première fois au Théâtre d’Aujourd’hui, elle a remporté la Prime à la création du Fonds Gratien-Gélinas et la Bourse Louise LaHaye en 1999. L’auteur y raconte d’une langue rythmée et imaginative la traversée de la mer arctique par un vieux couple pris à la dérive sur une plaque de glace flottante. Dès lors, le public et la critique se réjouissent de cette voix nouvelle qui occupe la scène québécoise. Sébastien Harrisson sera d’ailleurs invité au Théâtre d’Aujourd’hui à titre d’auteur en résidence. Floes servira de premier volet au diptyque de l’auteur intitulé Suite nordique. Elle sera suivie par D’Alaska, présentée par le Théâtre Bluff en 2007 et détaillant la rencontre d’une dame de 70 ans et de son ravisseur adolescent. De plus, sa pièce Titanica, la robe des grands combats sera jouée dans une mise en scène de René Richard Cyr au Théâtre d’Aujourd’hui en 2001. Sur un quai désaffecté, des punks et autres personnages hétéroclites s’entremêlent, à la recherche d’un cadavre. Encore une fois, le travail de l’auteur enchante et surprend par sa justesse et sa profondeur. Le journal Le Devoir souligne que ce dernier pourrait «devenir emblématique de sa génération.» En 2004, la création française de Titanica par le Théâtre National de Strasbourg lui vaut les éloges de la presse. Ailleurs en France, il a aussi travaillé avec le Centre Dramatique National Orléans, le Théâtre Artistic Athévains, Les enfants du paradis à Bordeaux, le Théâtre de la Commune d’Aubervilliers, le Théâtre National de Toulouse, de même qu’avec la Compagnie Florian Sitbon. L’œuvre de Sébastien Harrisson comprend dix pièces. Il écrit aussi pour le jeune public: Tara au théâtre de l’océan créée par des étudiants en 2003 et Stanislas Walter LeGrand portée au théâtre en 2007 par la compagnie L’Arrière Scène. Parmi ses autres textes, mentionnons La traite des peaux(2004) et Un petit renard affolé sur l’épaule du génie (2003). Retenons aussi que ses deux fictions radiophoniques French love song d’Agatha à Jimmy et La migration des centres furent mises en ondes à Radio-Canada en 1998. Depuis 2008, il assume aussi la direction artistique du Théâtre Bluff, une compagnie de création ayant pour mandat de faire découvrir les écritures contemporaines au public adolescent. Au chapitre des prix et autres distinctions, Sébastien Harrisson a été boursier, notamment, du Centre national du livre de France et des Affaires internationales de la ville de Paris. Il a aussi remporté le concours Le théâtre jeune public et la relève, l’Aide à la création du Centre national du théâtre de France, en plus de recevoir, en 2003, la médaille du Conseil général de Gironde. Ses textes lui ont aussi valu d’être finaliste aux Prix littéraires du Gouverneur général, au Prix Odyssée et aux Prix de la critique.