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Duceppe
Profil d'artiste

Janette Bertrand

© Julie Faugere

biographie

Femme de cœur, de lettres et d’idées, personnalité québécoise parmi les plus aimées et admirées de tous les temps, Janette Bertrand a été plusieurs fois honorée pour son impressionnante carrière, tour à tour littéraire, radiophonique, télévisuelle et théâtrale, amorcée au début des années 1950. Communicatrice accomplie, dépassant les préjugés, «brassant la cage» avec doigté et douceur, elle a marqué l’histoire du Québec et celle des femmes. Avec une profonde empathie et une volonté sincère de mieux comprendre les réalités humaines, elle a mené sa propre révolution. Sa contribution à l’avancement de la réflexion et à l’évolution des mentalités est exceptionnelle et, encore aujourd’hui, Janette Bertrand inspire des générations de Québécoises et de Québécois.

Née le 25 mars 1925, cadette et seule fille d’une famille de quatre enfants, Janette Bertrand grandit dans le quartier Centre-Sud à Montréal. Sage mais déterminée, elle convainc son père de la laisser poursuivre des études supérieures – comme ses frères – et s’inscrit en lettres à l’Université de Montréal. Elle y rencontre Jean Lajeunesse, qui devient son mari en 1947 et le père de ses trois enfants, Dominique, Isabelle et Martin.

En 1950, après avoir frappé aux portes de nombreuses salles de rédaction, elle commence sa carrière de journaliste au Petit Journal, où elle signe la chronique «Opinions de femmes» avant d’y tenir, pendant dix-sept ans, le courrier du cœur «Le refuge sentimental». Stupéfaite de certaines réalités, elle ose y aborder des sujets délicats tels que la violence faite aux femmes, leur indépendance financière, le désir au féminin ou encore la contraception. La chanson Madame Bertrand parue en 1969, de Robert Charlebois et Mouffe, est d’ailleurs inspirée par cette rubrique!

Janette Bertrand se tourne ensuite vers la radio. On la retrouve, entre autres, à CKAC, où elle anime avec son conjoint l’émission Mon mari et nous, au cours de laquelle le couple livre son train-train quotidien à des milliers d’auditeurs conquis. Scénariste, actrice et animatrice, elle entame parallèlement sa carrière au petit écran, à Radio- Canada (Toi et moi, Quelle famille !, Grand-papa), à Télé-Métropole (Adam ou Ève, Janette veut savoir, L’École du bonheur, où les comédiens improvisent à partir de propositions du public !) ainsi qu’à Radio-Québec, avec le téléroman S.O.S. j’écoute, où elle souhaite mettre de l’avant la méthode active d’écoute qu’elle a apprise à Tel- Aide. Bref, en deux décennies, Janette Bertrand est devenue une véritable figure de proue du milieu télévisuel.

Dans les années 1980 et 1990 surgissent deux émissions poignantes dans lesquelles Janette Bertrand joue encore d’audace et met en lumière des sujets jamais abordés au petit écran, deux réalisations qui seront pendant plusieurs années les points de mire de la télévision québécoise : Parler pour parler, où elle anime un groupe de discussion sur des sujets intimes et personnels, et la série de cinquante-deux dramatiques Avec un grand A, qui dresse un portrait réaliste de la société québécoise et de son évolution. Son écriture touche les téléspectateurs, qui se reconnaissent dans ces histoires profondément humaines et apprécient son approche portée par un désir sincère d’ouverture, de compréhension et d’inclusion.

Écrivaine, Janette Bertrand a aussi publié près d’une vingtaine de livres, dont son autobiographie, Ma vie en trois actes (2004), les trois tomes de Lit double (2012, 2013 et 2014), dans lesquels elle met en scène des couples de différentes générations, une réflexion sur l’âge, La Vieillesse par une vraie vieille (2016), et ses plus récents romans, Un viol ordinaire, qui porte sur les relations sexuelles non consenties au sein des couples, et sa suite, Un homme, tout simplement, où il est question de justice réparatrice. Elle a également coécrit avec Michel Dorais (Vous croyez tout savoir sur le sexe ?) et une nouvelle édition de Ma vie en trois actes (2023)

Au théâtre, Janette Bertrand a laissé sa marque avec deux pièces d’importance, Moi Tarzan, toi Jane et Dis-moi-le si j’dérange, qui ont eu un impact certain, notamment en raison des questions traitées : le sexisme et la solitude des gens âgés.

Que ce soit comme journaliste, scénariste, féministe ou autrice, Janette Bertrand a eu le courage d’ouvrir le dialogue à une époque où c’était improbable. Elle a eu la force de défendre ses convictions, encourageant publiquement les femmes à sortir du carcan idéologique qui les emprisonnait depuis des siècles. Elle l’a fait pour elle et pour toutes les autres.

«Prouver à mon père qu’une fille, ça valait quelque chose, je le fais encore», lance-t- elle en ouverture du récent documentaire consacré à son legs inestimable, Janette filles (2021) de Léa Clermont-Dion.

Dernière mise à jour: printemps 2024
Source: Les Productions Jacques K. Primeau
Participation à cette œuvre