Bien avant que le terme «dysfonctionnel» ne devienne d’usage courant en ce qui concerne la famille, James Goldman avait déjà donné un aperçu de ce qu’est cette réalité en imaginant pour le théâtre les membres de la famille Plantagenêt: le roi Henri II, Aliénor d’Aquitaine et leurs fils.
Outre cette pièce célèbre qu’est Le Lion en hiver, Goldman s’est avéré un auteur prolifique qui s’est inspiré de l’Histoire afin d’écrire ses romans, ses pièces et ses scénarios de films. L’ensemble de son œuvre rend bien compte de sa passion pour ce domaine de connaissances. Ses recherches sur l’histoire de la Russie l’ont amené à écrire sur Tolstoï, le tsar Nicolas II et Anna Karenine. Mais sa spécialité est sans aucun doute l’histoire de l’Angleterre. Ainsi, il est retourné sur les traces du roi Jean, au XIIIe siècle, afin d’écrire son roman Myself as Witness et le scénario du film Robin and Marian, tourné en 1976 et mettant en vedette Sean Connery et Audrey Hepburn. «J’ai beaucoup lu à propos de ce qu’ont fait ces personnages historiques et j’ai imaginé ce qu’ils ont pu vivre, penser, ressentir et désirer. Ce qu’ils étaient vraiment, bien sûr, personne ne le saura jamais» écrivait Goldman dans la préface de sa pièce Un Lion en hiver. En 1980, il écrivait également: «La vérité est toujours dissimulée. Il faut donc l’imaginer.»
James Goldman naît à Chicago en 1927. Quatre ans plus tard, son frère William, qui deviendra lui aussi un auteur à succès, voit le jour à son tour. Après avoir obtenu son baccalauréat de l’Université de Chicago, James Goldman sert dans l’armée des États-Unis au début des années 1950. Par la suite, il étudie en musicologie à l’Université de Columbia à New York avant de décider de se consacrer à l’écriture. Il ne s’arrêtera qu’à son décès, en 1998.
James Goldman a écrit sept jours par semaine pendant toute sa carrière. «Il n’a jamais écrit à l’ordinateur. Il préférait une dactylo électrique. Vous savez, celles avec la balle de golf. Il l’appelait Big Jack en l’honneur de son golfeur préféré: Jack Nicklaus», révélait sa femme peu de temps après la mort de son mari.
Ses deux premières pièces, They Might be Giants et Broad, Sweat and Stanley Poole, sont écrites avec son frère et produites à Londres pour l’une et à Broadway pour l’autre, toutes deux en 1961. L’année suivante, sa troisième pièce, A Family Affair, une comédie musicale écrite également avec son frère, est produite à New York. Puis, en 1966, il frappe un grand coup avec The Lion in Winter, pièce créée à l’Ambassador Theatre de New York, avec Rosemary Harris et Robert Preston dans les rôles principaux. L’auteur reçoit alors le Writers Guild of America Award. Le film qui en sera tiré en 1968, mettant en vedette Katharine Hepburn et Peter O’Toole, lui vaudra l’Oscar du meilleur scénario. En 1999, le Criterion Center Stage Right produit cette pièce à son tour, alors que Stockard Channing et Laurence Fishburne campent les rôles principaux. En 2003, cette pièce était adaptée pour la télévision, avec Glenn Close et Patrick Stewart.
Au Québec, cette pièce a été jouée à deux reprises au Rideau Vert, soit lors des saisons 1976-1977, avec Yvette Brind’Amour et Guy Hoffmann dans les rôles principaux, et 1988-1989 avec cette fois Yvette Brind’Amour et Jean-Louis Roux.
Parmi les autres romans et nouvelles qu’il a écrits, notons The Man from Greek and Roman, Fulton County et White Nights. Pour la télévision, on lui doit aussi Anastasia: The Mystery of Anna. Pour le cinéma, il écrit entre autres les scénarios de Nicholas and Alexandra et White Nights. En 1971, il remporte le Tony Award de la meilleure comédie musicale pour Follies.
Au moment de sa mort, James Goldman venait tout juste de terminer le scénario d’une nouvelle comédie musicale basée sur le roman Tom Jones d’Henry Fielding
À travers le personnage d’une reine vieillissante, Aliénor d’Aquitaine, Goldman demande: «Pour l’amour de Dieu, ne peut-on pas aimer une autre personne juste un peu? C’est ainsi que la paix peut commencer à s’installer. Il y a tellement de raisons de s’aimer les uns les autres. Nous avons tellement de possibilités, mes enfants. Nous pouvons changer le monde.»
Un tel souhait n’a-t-il pas encore toute sa pertinence aujourd’hui?