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Le mur de Berlin | Survol historique

10 janvier 2023

Plusieurs élèves assisteront bientôt à la pièce Gaz Bar Blues. Nous proposons aux enseignant·e·s ce résumé historique concernant le Mur de Berlin afin d'aborder cet aspect du spectacle avec nos jeunes spectateur·trice·s.

Pendant 28 ans, de 1961 à 1989, un mur de béton, de plus de trois mètres de haut, a divisé en deux la ville allemande de Berlin. Comme on nous le rappelle dans la pièce Gaz Bar Blues, sa chute, le 9 novembre 1989, constitue un événement historique célébré partout sur la planète. Survolons maintenant l’histoire de cette barrière qui a séparé une ville, un pays et aussi l’Europe en devenant un symbole pour le monde entier de ce que l’on appelait la «guerre froide».

Mais, pourquoi y avait-il un mur à Berlin ?

D’abord, il y a eu le monde divisé en deux.

En mai 1945, la Seconde Guerre mondiale se termine avec la victoire des Alliés, c’est-à-dire les États-Unis, l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS), la Grande-Bretagne et la France, sur l’Allemagne nazie.

Une concurrence politique oppose cependant les deux superpuissances que sont l’URSS et les États-Unis, alors que chacune tente de renforcer son influence sur l’Allemagne et d’imposer sa vision des choses.

Cette rivalité débouchera sur ce que l’on a nommé la «guerre froide», une guerre sans combats directs entre les deux pays, mais qui divise le monde en deux blocs, c’est-à-dire en deux camps: les pays alliés des États-Unis et ceux qui dépendent de l’URSS. En Europe, ils étaient séparés par une frontière surnommée le rideau de fer.

Puis, c’est un pays et une ville qui sont coupés en deux

Les quatre pays vainqueurs ont occupé l’Allemagne anéantie et, en 1949, l’ont divisée en deux pays différents:

  • à l’ouest, la République fédérale d’Allemagne (RFA), le nom donné à l’Allemagne de l’Ouest, alliée des États-Unis;

  • à l’est, la République démocratique allemande (RDA), le nom donné à l’Allemagne de l’Est, sous le contrôle de l’URSS.

La vie était très différente en RFA et en RDA. À l’Ouest, c’était une démocratie. Les habitant·e·s avaient des libertés fondamentales comme celles d’expression ou de circuler. Aussi, des fonds américains finançaient la reconstruction de Berlin-Ouest. À l’Est, le système était communiste. À Berlin-Est, on assurait aux citoyen·ne·s un emploi garanti, des loyers bas et des soins médicaux gratuits, mais on n’avait pas le même niveau de vie. Il n’y avait qu’un seul parti politique et il valait mieux être d’accord avec le gouvernement! Les gens à l’Est étaient contrôlés et n’avaient pas de liberté d’expression. Conséquence: de nombreux·se·s Allemand·e·s de l’Est ont rejoint Berlin-Ouest.

En fait, les gens ont été si nombreux à quitter l’Est pour l’Ouest, que les Soviétiques ont édifié un mur pour empêcher tout nouveau départ. C’est ainsi qu’aux premières heures du dimanche 13 août 1961, plusieurs divisions de soldats de la RDA se sont déployées le long de la ligne de démarcation pour mettre un terme à l’émigration massive des Allemand·e·s de l’Est vers Berlin-Ouest. Policiers, pompiers et douaniers ont étendu d’immenses rouleaux de fils de fer barbelés dans les rues de Berlin, pour la diviser en deux: la zone soviétique distincte de la zone française et britannique. Le mur établit alors une frontière pratiquement infranchissable entre Berlin-Est et Berlin-Ouest.

Les Berlinois·e·s de l’Est se réveillent au petit matin piégé·e·s dans le secteur d’occupation soviétique, séparé·e·s en une nuit de leurs familles et de leurs proches. Pour les Allemand·e·s, comme pour le reste du monde, ce fut un grand choc. Les habitant·e·s ne pouvaient plus circuler librement dans leur pays et dans leur ville.

@AKG-IMAGES

Les semaines suivantes, le mur de la honte, tel qu’il fut surnommé à l’Ouest, est peu à peu formé de blocs de béton sur 3,6 m de haut, remplaçant les fils de fer. Sur 155 kilomètres de long, la ville a ainsi été coupée en deux! Les liaisons ferroviaires furent également interrompues entre les deux zones. Même les portes et les fenêtres qui se trouvaient sur la ligne de division furent barricadées. Trois cent deux miradors ou tours de surveillance, 14 000 gardes et 600 chiens guettent, mais les tentatives d’évasion continueront malgré tout.

Au pied du mur de Berlin a été construit ce que l’on a appelé «la bande de la mort», constituée d’un fossé, d’une clôture, d’une route où circulaient en permanence des véhicules militaires, des systèmes d’alarme, des armes automatiques, des miradors et des patrouilles avec des chiens 24h/24.

Le 17 août 1962, les soldats est-allemands tirent sans avertissement sur Peter Fechter, un garçon de 18 ans qui tente de franchir le Mur. Blessé, il mourra sans recevoir aucune aide médicale de la part des militaires est-allemands et devient la première des 136 personnes qui perdront la vie en essayant de le passer, selon le Mémorial du mur de Berlin.

Le mur de Berlin en chiffres

Un total de 1 245 personnes ont été tuées en essayant de franchir la frontière entre les deux Allemagnes entre 1961 et 1989.

Au mur de Berlin, 136 personnes sont mortes:

98 alors qu’elles essayaient de le franchir et 30 sans qu’elles aient eu l’intention de le passer, sans compter les 8 gardes-frontière est-allemands tués dans des échanges de tirs lors de tentatives d’évasion.

Cinq mille
personnes ont réussi à s’échapper en passant le Mur.

Le mur courait sur 155 kilomètres autour de Berlin-Ouest et sur 43 kilomètres à l’intérieur de la ville.

Il était jalonné de 8 postes-frontière et de 302 miradors.

Sa hauteur maximale était de 3,60 mètres.

La chute du Mur

Vingt-huit ans plus tard, après avoir vécu dans une ville physiquement scindée en deux, sans le droit de passer librement d’un côté à l’autre, les habitant·e·s de Berlin ont vu le Mur tomber. C’était le 9 novembre 1989, il y a 33 ans. Ç’a été un événement énorme… mais pas tout à fait prévu!

Depuis quelque temps déjà, les relations étaient meilleures entre les deux camps qui s’opposaient. La population de la RDA manifestait aussi pour réclamer plus de libertés et les rassemblements anti-régime s’intensifiaient en Allemagne de l’Est. Ils forceront le grand patron du Parti communiste — et donc de l’État — à quitter son poste le mois suivant. Des centaines d’Allemand·e·s de l’Est se réfugient en Tchécoslovaquie, à l’ambassade d’Allemagne de l’Ouest à Prague, et demandent l’asile.

Les leaders d’Allemagne de l’Est tentent encore de sauver ce qui peut l’être et adoptent une nouvelle législation sur les voyages à l’étranger, que les citoyen·ne·s auront dorénavant le droit d’effectuer «sans condition particulière ou raison familiale».

Le soir du 9 novembre 1989, un responsable politique de la RDA, Günter Schabowski, annonce aux médias présents qu’un nouveau règlement permettra à ceux et celles qui le souhaitent de quitter le pays pour l’Ouest. Un journaliste italien veut en savoir plus et demande à partir de quand. Schabowski répond, apparemment mal préparé: «Pour autant que je sache, cela entre en vigueur immédiatement, sans délai…».

Günter Schabowski, le 9 novembre 1989, lors de la conférence de presse @DPA/AFP VIA GETTY IMAGES

Les correspondant·e·s de l’étranger, d’abord incrédules, se jettent hors de la salle. La nouvelle de la chute du Mur fait le tour du monde en quelques minutes. Elle mettra plus longtemps à parvenir jusqu’aux gardes-frontière…

«Nous n’avions aucune instruction de nos supérieurs. Seulement: “Observez la situation!”. Nous avons essayé plusieurs fois de leur parler, mais personne n’est revenu nous voir. Il faut se rappeler que nos soldats étaient complètement armés, ce jour-là, comme toujours. Et ils n’avaient qu’une consigne: tirer sur tous ceux qui tentaient de passer!» — Lothar Stein, garde de service la nuit du 9 novembre 1989, qui rappelle que la fête aurait pu finir en tragédie, dans le documentaire COLD WAR: THE WALL COMES DOWN (CNN).

La ruée vers le Mur: fête et retrouvailles!

@KEYSTONE/AP PHOTO/LIONEL CIRONNEAU FILE
@PICTURE-ALLIANCE/DPA/W. KUMM

Dans une ambiance de grande fête, la ruée vers le Mur commence: pour la première fois depuis 1961, les Berlinois·e·s passent librement d’est en ouest. Le mur de la honte ne les empêche plus de circuler. Et, dans les jours qui suivent, il tombera au fur et à mesure des coups de marteaux, de burin ou de tout autre outil à portée de main.

@ARCHIVES AFP
CRÉDITS: BERLINER ZEITUNG; LE FIGARO; THE DAILY TELEGRAPH
CRÉDITS: LE MONDE; LE PARISIEN

À VISIONNER: LE TÉLÉJOURNAL DU 11 NOVEMBRE 1989 AVEC CÉLINE GALIPEAU

Et après?

Pendant 28 ans, le mur de Berlin a symbolisé les divisions de la guerre froide et a vu le peuple allemand être partagé en deux nations distinctes, que l’on a maintenues séparées par la force. Avec sa chute, un ordre mondial hérité de la Seconde Guerre mondiale s’écroule. L’Allemagne entreprend rapidement sa réunification sous l’impulsion du gouvernement d’Helmut Kohl et une transition vers la démocratie s’amorce pour plusieurs pays d’Europe.

En 1990, l’Allemagne est réunifiée en un seul pays. L’année suivante, l’URSS est dissoute, mettant un point final à la guerre froide.

Pour ne pas oublier cette période de l’Histoire, plusieurs morceaux du mur ont été offerts à diverses villes à travers le monde, dont Montréal. Le côté qui était situé à l’Est est généralement blanc, ou contient peu d’inscriptions, car il était protégé par des barbelés. Le côté à l’Ouest, au contraire, est bariolé de tags, de dessins, de messages appelant à la liberté. 

Fragment du mur de Berlin exposé au Centre de commerce mondial de Montréal. @ VILLE DE MONTRÉAL