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Duceppe

Entretien avec Clément Koch, auteur de Sunderland

24 février 2014

Nous avons échangé quelques mots avec Clément Koch, après une représentation de sa pièce Sunderland.
(Une retranscription de l'entretien est insérée sous la vidéo.)

Vous êtes Français, mais vous avez décidé de planter le décor de cette pièce dans la ville de Sunderland, dans le nord de l’Angleterre : pourquoi ce choix géographique surprenant?

L’histoire traite des mères porteuses, et raconter la même histoire en France c’est un peu compliqué parce que les mères porteuses sont interdites. Le fait de transposer l’action en Angleterre me permettait beaucoup plus de liberté dans la fiction.

En plus, comme je suis assez fan du cinéma anglais, c’était une manière de raconter une histoire à l’anglaise. Je ne sais pas si c’est réussi, mais c’est ce qui ressortait de la presse parisienne quand la pièce a été présentée : on avait l’impression que tout ça était vraiment très anglais, ce qui était vraiment une bonne escroquerie!

Oui, on le comparait beaucoup aux films de Ken Loach par exemple. La pièce est adaptée ici par le metteur en scène Serge Postigo. Comment trouvez-vous cette adaptation québécoise? Vous y retrouvez vos repères ?

Oui parce que c’est une pièce d’atmosphère. Qu’elle soit jouée en japonais, en québécois, en français ou en allemand, si cette atmosphère fonctionne, on le sent.

Vous abordez dans Sunderland plusieurs sujets d’actualité. On parle par exemple de crise financière en Europe, de grippe aviaire, de famille homoparentale; on peut dire que vous aimez vous inspirer de l’actualité quand vous écrivez?

Oui, j’essaie d’être vivant! Et c’est toujours amusant d’essayer d’attraper des sujets nouveaux. À Paris, on est dans le théâtre très « boulevard », mais moi j’aime bien aller dans des univers différents et parler de la vie d’aujourd’hui. Ce qui est intéressant, c’est de parler à tout le monde et pas seulement aux 40, 50, 60 ans. C’est bien si des jeunes viennent au théâtre et s’y retrouvent parce que les sujets sont aussi les leurs.

Il y a eu un débat assez houleux en France sur le mariage gai et l’adoption par les homosexuels; on voit dans la pièce un couple qui est très uni et qui veut un enfant depuis 10 ans ; est-ce que c’est une critique de ce débat de votre part?

Oui, ce qui est marrant c’est que la pièce est arrivée pile au moment où il fallait et les gens sont venus la voir en croyant y trouver des solutions… alors qu’en fait, c’est surtout une pièce sur la famille. Le thème des mères porteuses est abordé, mais on n’est ni pour, ni contre à la fin.

Je crois que la seule chose qui est intéressante dans la pièce à ce sujet-là, c’est qu’il n’y a pas de recette. Les personnages le disent eux-mêmes : finalement, dans un couple gai, s’il y a de l’amour, il y a de la place pour un enfant.

J’crois que c’est ça : on a juste deux bras et deux jambes, qu’on soit homme ou femme, si y’a un coeur ça marche.

Est-ce que vous travaillez sur une prochaine pièce en ce moment?

Oui j’ai deux pièces qui sont en production. Une qui est en production à Paris pour le mois d’octobre; et puis j’ai une autre pièce totalement trash, qui est sans doute improbable à Paris, mais pour laquelle on a une lecture le 7 mars dans un théâtre. Je serai curieux de voir ce que ça donne parce que là, pour le coup, c’est vraiment rock.