Démystifier l’intelligence artificielle sur scène

En 2023, Posthumains a intégré notre équipe de dramaturges en résidence. Le duo, formé des artistes Patrice Charbonneau-Brunelle et Dominique Leclerc, s’intéresse aux impacts du développement des nouvelles technologies numériques sur le vivant, dont l’IA (intelligence artificielle), et prépare une pièce de théâtre sur les enjeux de société que cette véritable révolution technologique soulève. Produite avec la collaboration de l'Université de Montréal, la pièce prendra l’affiche au cours de la saison 2024-25.

Il y a quatre ans, plus de 500 personnes ont participé à la création d’un cadre éthique pour le développement et le déploiement de l’intelligence artificielle qui a abouti à la Déclaration de Montréal. C’est ce manifeste qui servira de toile de fond à l’écriture de la pièce.

«Nous vivons en ce moment une révolution technologique sans précédent. Le but n’est pas de diaboliser l’intelligence artificielle, mais de mieux comprendre ses tenants et aboutissants grâce au théâtre», explique Jean-Marc Larrue, spécialiste du théâtre et professeur au Département des littératures de langue française de l’UdM.

Le théâtre: un levier puissant pour réfléchir sur l’intelligence artificielle

«Nous sommes tous et toutes concerné·e·s par ces changements sociétaux. Une pièce de théâtre permettra de partager et de faire connaître ces réflexions à une plus vaste partie de la population. Cela nous a semblé plus rassembleur que de les partager seulement dans des articles scientifiques», poursuit Catherine Régis, professeure à la Faculté de droit, vice-rectrice associée à la Planification stratégique et à l’Innovation numérique responsable, qui a elle-même pris part à la création de la Déclaration de Montréal et supervise scientifiquement ce projet interdisciplinaire croisant différentes expertises issues du théâtre, des sciences sociales et humaines, du droit ainsi que de l’intelligence artificielle.

Pourquoi le théâtre? 

«On aurait pu faire un site Web, un balado, mais on a pensé que réunir des personnes dans une salle serait plus efficace. Ainsi, elles pourront prendre part à un récit incarné par différents personnages», résume Jean-Marc Larrue

Documenter l’IA pour favoriser la littératie numérique

Patrice Charbonneau-Brunelle et Dominique Leclerc, de la compagnie Posthumains, ont précédemment créé les pièces Post Humains et i/O. À l’heure où la pensée humaine et la société peinent à rattraper la vitesse exponentielle de l’évolution technologique, leurs œuvres créent un lieu de rencontre et de dialogue entre les personnes qui créent ces technologies, celles qui les utilisent, et celles qui s’y intéressent en néophytes.

Pour l’écriture de cette nouvelle pièce, les deux artistes ont désormais accès à un large bassin d’expert·e·s en intelligence artificielle à l’Université de Montréal et ailleurs. Le duo a ainsi pu discuter avec Marc-Antoine Dilhac, professeur de philosophie à la Faculté des arts et des sciences, et pourra aussi échanger avec d’autres professeur·e·s comme Yoshua Bengio, du Département d’informatique et de recherche opérationnelle, ou Shin Koseki, de l’École d’urbanisme et d’architecture de paysage, ou encore assister à diverses conférences d’expert·e·s, que ce soit à l’Observatoire international sur les impacts sociétaux de l’IA et du numérique (OBVIA) ou bien à Mila, l’Institut québécois d’intelligence artificielle.

Différent·e·s étudiant·e·s de multiples disciplines participeront à ce projet et diverses activités de cocréation avec le public et les expert·e·s universitaires sont également prévues.