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Duceppe

Jeune critique : Aurélie Dugas-Lebeau, 16 ans

17 novembre 2017
Comment? Le terrier Le petit Danny est mort depuis huit mois. Ses parents, Becca et Louis, tentent de surmonter ce deuil à leur façon alors qu’autour d’eux, la vie continue. Becca cherche à effacer les traces de Danny alors que Louis se raccroche à ce qui reste de leur vie avec Danny sans trop le manifester. Sans trop savoir comment, leurs proches tentent de les réconforter du mieux qu’ils peuvent, mais Becca et Louis doivent d’abord apprendre à accepter ce qui s’est passé. Cette pièce écrite par David Lindsay-Abaire et mise en scène par Jean-Simon Traversy est aussi tragique que captivante. Malgré qu’elle traite d’un sujet dramatique, la pièce nous présente la situation avec une pointe d’humour et de légèreté qui fait du bien. L’évolution psychologique des personnages est également très touchante. Le fait que Becca et Louis ne sont pas rendus au même stade dans leur deuil rend vraiment la pièce intéressante et nous pousse à nous demander comment cela pourrait finir. La mise en scène est prenante tout en étant très simple. Au fur et à mesure que la psychologie des personnages évolue, le décor se modifie. J’ai beaucoup aimé la perspective que cela donnait. Il n’y a qu’une scène vide avec quelques accessoires et objets au bas de celle-ci. Les acteurs n’utilisent aucun accessoire au cours de la pièce sauf des chaises. Cette partie m’a un peu déconcerté. Étant donné qu’il n’y a pas d’accessoires, les acteurs décrivent ce qu’ils font par exemple manger du gâteau. Ils disent que le gâteau est bon comme s’ils venaient de le manger alors que nous n’avons rien vu qui laissait présager qu’il y avait un gâteau autre que le fait qu’ils l’aient dit. Sandrine Bisson et Frédéric Blanchette forment un couple d’acteurs parfaits. Ils se complètent dans leur interprétation ce qui les rend plus touchants selon moi. Ils réussissent vraiment à nous faire comprendre la détresse que vivent leurs personnages et le deuil, mais de façons très différentes, complémentaires. Ils réussissent à nous rejoindre autant tous les deux. C’est vers la fin de la pièce, lorsque Becca et Louis sont au même stade de leur deuil, qu’ils sont vraiment époustouflants. Aurélie Dugas-Lebeau Découvertes… Le bizarre incident du chien pendant la nuit Christopher Boone est un garçon différent des autres. Il possède une intelligence remarquable et ne comprend pas vraiment les humains. Il vit dans son monde, loin du reste des gens. Un jour, Wellington, le chien de la voisine Mme. Shears, est retrouvé mort. Christopher décide d’élucider le mystère du meurtre malgré l’interdiction de son père. Cette quête le mènera jusqu’à Londres et il traversera une montagne-russe d’émotions en cours de route. Il apprendra plusieurs secrets qui rendront sa tâche difficile. Cette pièce écrite par Simon Stephens d’après un roman de Mark Haddon m’a captivé du début à la fin. La pièce est émouvante, drôle par moments et surtout, elle nous fait réfléchir. Une grande partie de la pièce se passe dans la tête de Christopher, ce qui nous permet de voir des situations de tous les jours de façon différente. J’ai beaucoup aimé la mise en scène d’Hugo Bélanger et la scénographie de Jean Bard. Il y avait dans la scène des trappes d’où les comédiens pouvaient sortir des choses ou en sortir eux-mêmes. Également, des blocs qui pouvaient en sortir et servir de chaises, de maisons ou de sièges de train. Il y avait aussi un grand mur derrière la scène où étaient projetées les pensées de Christopher. J’ai beaucoup aimé cela car j’ai trouvé que cela nous permettait de mieux comprendre le personnage. Sébastien René est absolument remarquable dans son interprétation d’un jeune garçon autiste. Il réussit à nous faire rire et pleurer dans l’espace de deux minutes. Il nous transporte avec lui dans le monde de Christopher dès qu’il commence à parler. Ce rôle ne pourrait pas être plus parfait pour lui. Catherine Proulx-Lemay et Normand D’Amour eux aussi étaient excellents dans leurs rôles de parents dépassés par les évènements. Ils nous faisaient voir et sentir les émotions que des parents dans cette situation ressentent: épuisés et à bout de nerfs mais pleins d’amour pour leur fils. Comme le dit Christopher : Les gens disent souvent qu’il faut rester tranquille, mais ils disent jamais pour combien de temps il faut rester tranquille. Aurélie Dugas-Lebeau, 15 ans Confessions inavouées Le Chemin des Passes-Dangereuses Victor, Ambroise et Carl. Trois frères qui ne sont pas vus depuis la mort de leur mère, il y a trois ans. Ils se retrouvent au mariage de Carl, le plus jeune. Quelques heures avant le mariage, ils prennent la route pour aller voir le camp de pêche familial et faire plaisir à Victor. Ils ont un accident après avoir pris une courbe trop vite. Ils se retrouvent ensemble dans la courbe après l’accident. Peu à peu, ils se rendent compte que c’est à cet endroit que leur père est mort quinze ans plus tôt. Alors qu’ils se remémorent leur enfance et passent aux aveux avec une teinte d’humour, le secret qui les obsédait depuis leur adolescence éclate au grand jour. Ce texte de Michel Marc Bouchard sur une mise en scène de Martine Beaulne était original car le style était inusité : il n’y a que trois acteurs qui s’échangent les répliques avec une puissance et une vitesse impressionnante. Le texte est remarquable car il nous montre des personnages forts et très vulnérables à la fois. Ils se parlent de façon étrange pour des frères comme il est dit dans la pièce. Des frères ne se parleraient jamais de cette façon et je trouve que c’est ce qui rend la pièce intéressante. Au fil de la pièce, il y a quelques phrases que les acteurs répètent ce qui rend la pièce redondante vers la fin. La pièce se déroule dans un décor de route brisée qui illustre à la fois l’accident mais aussi la situation psychologique des trois frères. Maxime Denommée, Félix-Antoine Duval et Alexandre Goyette sont excellents dans leur façon de s’approprier les personnages et les émotions. Ils réussissent à nous montrer la haine et l’amour fraternel dans les mêmes cinq minutes. Ils réussissent à se parler sans filtre de choses parfois très intimes. Le personnage que j’ai le plus aimé est Carl (Félix-Antoine Duval) car il paraissait jeune et adulte à la fois. Il avait une façon d’agir et de parler un peu juvénile par moments mais ses propos n’avaient rien de juvénile et c’est ce contraste que j’ai aimé. Ce qui m’a plu aussi, c’est que chaque personnage a son « moment de gloire » où il a un grand monologue et où les autres ne font que le regarder. C’est dans ces moments que l’on peut voir la vraie nature du personnage et où il s’ouvre à nous. La pièce nous montre une autre facette des relations fraternelles à laquelle on ne s’attend pas nécessairement : le fait de se parler sans tabou, avec une franchise parfois dérangeante. Comme le dirait Victor : J’ai compris que c’était aujourd’hui le jour de la réconciliation. Aurélie Dugas-Lebeau, 15 ans Pourquoi? Enfant Insignifiant! On m’a souvent reproché de poser trop de questions sur des sujets que je ne pouvais pas comprendre. À la fin de l’écriture de son roman Conversations avec un enfant curieux, Michel revit les anecdotes qu’il vient d’écrire. Il revoit tout son entourage : sa mère, sa grand-mère, son amie Ginette, son père, la Sœur directrice de son école et sa maîtresse d’école… Il se revoit leur posant des tonnes de questions et eux tentant de répondre. Ce texte adapté et mis en scène par Michel Poirier m’a laissé sans mots. Ayant lu le livre, je connaissais les histoires, mais de les voir jouées avec autant de naturel et de talent m’a vraiment impressionnée. Michel Tremblay sait raconter des histoires simples de façon magistrale. Comme le livre, la pièce est divisée en scènes où Michel à différents âges pose plusieurs questions sur la religion, les traditions et la vie de tous les jours auxquelles son entourage a de la difficulté à répondre. N’importe qui peut se reconnaître un peu dans le personnage de Michel. Ses questionnements d’enfant nous amènent à nous poser les mêmes questions que lui. La pièce est très répétitive et très variée à la fois. Chaque scène a le même modèle : Michel pose une question et un adulte essaie d’y répondre. Malgré cela, l’auteur réussit à rendre les scènes très différentes dans le contexte mais aussi dans la réaction de l’adulte face au questionnement de Michel. L’ensemble de la pièce était fantastique mais une anecdote m’a marqué plus que les autres. Il s’agit de celle où Michel (Henri Chassé) questionne sa maîtresse d’école (Isabelle Drainville) sur le roi Hérode de l’Évangile selon saint Matthieu. Il demande pourquoi le roi Hérode a eu peur d’être détrôné par Jésus qui venait juste de naître. Mademoiselle Karli essaie de lui répondre mais finit par perdre patience. J’ai préféré celle-là aux autres car c’est la seule où l’adulte se fâche vraiment et laisse l’enfant sans réponse. Elle lui dit de croire ce qu’on lui dit sans poser de questions. Cette pièce se passe dans « l’ancien temps » et elle traite de sujets plus ou moins actuels mais on s’y identifie quand même. Je pense que c’est ce qui définit une grande œuvre. Peu importe à quelle époque se passe l’histoire, la magie opère. Le personnage de Nana, la mère de Michel, interprété par Guylaine Tremblay, est celui que j’ai le plus aimé. Elle est une figure d’autorité sévère mais très douce et rassurante à la fois. Elle est très imposante malgré sa petite taille. Guylaine Tremblay prend beaucoup de place sur scène avec son caractère et sa façon d’interpréter le personnage. Elle est vraiment parfaite pour ce rôle. Comme le dirait l’entourage de Michel : Pourquoi? Pourquoi? Pourquoi? Pourquoi tu veux toujours savoir pourquoi? Aurélie Dugas-Lebeau, 15 ans On ne choisit pas sa famille… Les secrets de la Petite Italie Les histoires de famille, élargie ou pas, peuvent parfois sembler compliquées. Il faut toutefois dire que les histoires de famille italiennes ont quelque chose de particulier. Elles semblent toujours exagérées, presque invraisemblables. Pourtant, cette pièce nous dévoile les dessous de ces histoires et tout ce qu’on ne sait pas et qu’on n’aurait pas imaginé. Cette pièce nous raconte l’histoire d’une famille italo-montréalaise qui vie au cœur de la Petite Italie. Lors d’un après-midi tranquille, Tony commence à s’inquiéter de l’absence prolongée de sa femme Amanda. La situation empire lorsque toute la famille débarque. Le fils et sa femme, l’amie de longue date des parents et la propriétaire du café le plus populaire de la Petite Italie. Quelques hypothèses sont émises sur la disparition d’Amanda par le groupe sous le couvert de l’humour. Les masques tombent complètement lorsque le fils Marco devenu la fille Ivana et depuis longtemps renié revient pour célébrer la San Giuseppe avec sa famille. De façon plus ou moins tragique, la vérité éclate au grand jour. Ce texte de Steve Galluccio dans une mise en scène de Monique Duceppe illustre bien les conflits de famille. Étant donné que tout le monde a une famille, tout le monde peut s’identifier à l’histoire. Les personnages ont des vies normales ce qui rend plus facile l’identification des spectateurs à ceux-ci. Les acteurs jouent extrêmement bien leur rôle et rendent les personnages très vivants. Au début de la pièce, ils nous font poireauter. Ils présentent les personnages, un portrait global de leur vie et leurs relations avec les autres personnages. Ensuite, Ivana arrive et le cours des choses dégénère. Cette pièce est très stéréotypée. Elle nous montre les petites intrigues auxquelles tout le monde pense lorsqu’on dit « conflits de famille italienne ». Lorsque la représentation commence, on a tous une idée plus ou moins précise de l’intrigue de la pièce après avoir lu le synopsis. Cependant, graduellement, ils nous envoient dans une direction totalement différente. Ils nous montrent ce que personne n’aurait imaginé. Ils vont bien au-delà des attentes en nous montrant les dessous des stéréotypes, ce que personne ne dit. Les personnages de François-Xavier Dufour et de Michel Dumont sont ceux qui m’ont le plus frappée. François-Xavier Dufour incarne Ivana. Il a beaucoup de prestance sur la scène et on y croit du début à la fin. Ce n’est pas n’importe quel acteur qui pourrait jouer le rôle d’une femme avec tant d’envergure. Son personnage suscite le respect chez les autres personnages voire la peur et il adopte l’attitude parfaite face à cela. Michel Dumont incarne Lino, le grand-père qui radote ses histoires de guerre. Il joue avec les émotions du public malgré qu’il ne soit pas le personnage le plus important de la pièce. Il nous fait rire au début et pleurer à la fin. Comme le dirait Papa Lino: Un jour, tu te réveilles et la vie telle que tu la connais n'existe plus. Aurélie Dugas-Lebeau, 15ans