Nouvelle

Corps fantômes: l’exposition

12 août 2025

De la scène aux murs de la Place des Arts, Corps fantômes se prolonge dans la ville.

En marge de cette fresque théâtrale sur la communauté LGBTQIA2+ montréalaise au tournant des années 1990, deux expositions font revivre les cris, les silences et les gestes de celles et ceux qui ont lutté contre le VIH/sida.

Ces créations sont nées d’une rencontre entre des artistes de théâtre, un chercheur et des étudiant·es en design. En mêlant archives, témoignages et installations, elles racontent la ville comme champ de bataille et refuge: les rues où l’on manifeste, les saunas et bars où l’on prévient, les parcs où l’on se recueille. Un voyage visuel et sensible au cœur d’une mémoire trop souvent reléguée à l’ombre, mais toujours vivante dans les luttes d’aujourd’hui.

En marge du spectacle Corps fantômes, Duceppe présente, en collaboration avec le chercheur Olivier Vallerand et la Faculté de l’aménagement de l’Université de Montréal, deux expositions qui donnent à voir comment le VIH/sida a transformé la ville et ses espaces. Issues d’un dialogue entre la troupe et le chercheur – tous deux en entretiens avec des militants des années 1980 et 1990 – elles retracent la mobilisation des communautés marginalisées et l’empreinte laissée sur l’architecture, les lieux de mémoire et la vie culturelle.

Le premier volet, à la Place des Arts, plonge dans les tactiques des activistes : manifestations, « die-in », affichage militant, prévention dans les saunas et bars gais, création de parcs commémoratifs comme le Parc de l’Espoir. On y trouve aussi un espace de recueillement et un mur où déposer des témoignages. Le second volet, au foyer du Théâtre Duceppe, met en scène des images d’archives, des extraits d’entrevues et des installations inspirées des collages urbains d’ACT UP, où la gravité de la crise côtoie la camaraderie des bénévoles.

Ces expositions sont le fruit du travail d’étudiantes en design d’intérieur, qui se sont approprié les recherches d’Olivier Vallerand pour les traduire en expériences visuelles. Elles rappellent que l’histoire du VIH/sida au Québec est faite de pertes, de luttes et de solidarité, et que sa mémoire reste essentielle pour combattre la sérophobie, défendre l’accès aux soins et faire vivre les récits oubliés.