
Accompagnement pédagogique — Rue Duplessis | Ma petite noirceur
3 septembre 2025
Plusieurs élèves assisteront bientôt à la pièce Rue Duplessis | Ma petite noirceur. Nous proposons donc aux enseignant·es des pistes de réflexion et questions à aborder avec nos jeunes spectateur·ices.
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Idéation et rédaction: Paméla Dumont
MISE EN CONTEXTE
Qui aurait cru qu’un petit gars de la rue Duplessis à Drummondville, qui a grandi dans la pauvreté, la peur et les préjugés, deviendrait un sociologue estimé et un animateur réputé à Radio-Canada? Jean-Philippe Pleau vient d’une famille bienveillante dans laquelle l’ambition intellectuelle suscitait la méfiance: «L’école, c’est pour ceux qui pètent plus haut que leur trou» y disait-on. Nourri au «macarouni» gratiné au fromage Singles de Kraft, celui qu’on connaît surtout pour ses réflexions savoureuses à C’est fou… (avec Serge Bouchard) et à Réfléchir à voix haute est aujourd’hui étranger au monde d’où il vient, sans vraiment appartenir à celui dans lequel il a abouti. Rue Duplessis, c’est son histoire, celle de sa «migration intérieure» de transfuge de classe; mais c’est aussi un regard critique sur les inégalités socioéconomiques qui dictent encore trop souvent le destin et les aspirations de celles et ceux qui sont «né·es pour un p’tit pain». Un parcours drôle et émouvant, empreint de courage, de nostalgie… et de sociologie.
Jean-Philippe Pleau, qui s’est faufilé entre les mailles d’un système qui ne le prédisposait pas à devenir auteur, dit qu’il écrit pour «venger les siens». Après l'énorme succès de son roman autobiographique Rue Duplessis, ma petite noirceur, il s’apprête maintenant à franchir une autre étape: monter sur scène pour défendre son récit si personnel devant des centaines de spectateur·ices, soir après soir. Notre codirecteur artistique David Laurin, qui en signe l’adaptation, et la metteuse en scène Marie-Ève Milot (Mama, Docteure) en proposent une version théâtrale riche et surprenante au fil de laquelle l’auteur nous racontera sa propre révolution tranquille. Au-delà de l’intime, ce spectacle trouvera assurément une résonance toute particulière chez de nombreux·ses Québécois·es qui, comme Jean-Philippe, naviguent entre deux mondes; ils et elles y reconnaîtront leur propre vécu, leur fierté et leurs contradictions.
« Dans cette pièce, l’animateur Jean-Philippe Pleau nous convie à une émission spéciale, de celles qui se transforment en véritable portail. En se livrant devant le public, avec toutes ses déchirures, il mêle sa voix à celles de son milieu d’origine, révélant toute la portée de son livre. Cette adaptation théâtrale s’adresse à celles et ceux qui ont, comme l’auteur, le “cul entre deux chaises”. Un théâtre pour se penser et se rêver. » – Marie-Ève Milot, metteuse en scène
DISCUSSION AVANT LE SPECTACLE
Nous vous invitons à choisir parmi les questions ci-dessous celles qui sont susceptibles d’activer le plus vos élèves face aux thématiques et à la forme de la pièce. Pour une discussion en amont, vous n’avez pas besoin d’être expert·e du spectacle ni du livre, vous pouvez tout simplement vous mettre dans une posture de co-création avec vos élèves en acceptant de réfléchir collectivement aux questions et en vous rappelant qu’il n’y a pas de «bonne ou mauvaise réponse» au théâtre. Il s’agit de se préparer à s’ouvrir complètement à l’expérience à venir et à alimenter sa curiosité face à l’objet esthétique.
Dans le titre du roman adapté à la scène, Rue Duplessis,Ma petite noirceur, à quoi peut faire référence la deuxième partie du titre?
- Comment décririez-vous le rapport à l’éducation:
Dans votre propre vie?
Pour vos parents?
Dans votre cercle social?
Dans la société?
Quelles sont les conséquences potentielles de l’ignorance?
Nommez celles qui vous viennent en tête qu'elles soient graves ou pas.
Exemples:
On peut avoir peur du regard de l’autre si on se trompe ou si on ne sait pas “la” réponse
La xénophobie, ou la peur de la différence, peut mener à des actes violents
Comment réagissez-vous face à votre propre ignorance
Qu’est-ce que la mise en abyme et comment peut-elle se produire au théâtre?
Pouvez-vous nommer des biens matériels symbolisant la classe ouvrière et/ou la classe moyenne? Lesquels pourrait-on retrouver sur scène? Et comment?
Vous pouvez inviter les élèves à conserver cette dernière question en tête lors de la sortie au théâtre afin d’activer leur sens d’observation quant aux différents éléments de la scénographique jusqu’aux accessoires.
IDÉES D’ACTIVITÉS
Activité 1: Ma vie en 3 actes
À l’image de la pièce qui est un récit de l’intime, essayer de résumer ce que serait le synopsis de votre vie actuelle et future à partir des titres des trois actes. Cet exercice se fait de manière individuelle et peut se partager sur une base volontaire ou deux par deux pour respecter la pudeur de chacun·e.
Acte 1: Excavation
Acte 2: Fondations
Acte 3: Rénovations intérieures
Évidemment les titres sont poétiques et font référence à la maison dans tout ce qu’elle peut représenter (comme état quand on dit “se sentir à la maison” et comme lieu physique).
Questions guidant la création:
À quoi pourraient faire référence ces actes comme périodes de vie ou comme événements marquants?
Si vous pouviez écrire une phrase par acte, résumant un moment de votre vie, que diriez-vous?
Exemple:

Activité 2: Le pouvoir transformateur de l’art
Demander aux élèves de réfléchir à leur oeuvre d’art préférée (toutes disciplines confondues et possibles)
Lorsqu’ils et elles ont trouvé (2 minutes de réflexion suffisent), leur demander d’aller l’écrire au tableau.
Observer en grand groupe la murale d'œuvres marquantes.
Y a–t-il des similitudes dans ces œuvres? Par exemple, le médium, ou encore le type d'œuvre (œuvres des classiques, populaires, etc.)?
Est-ce que vous avez des jugements face à certains choix? Pourquoi? Existe-t-il une hiérarchie dans ces œuvres selon vous?
Sélectionner quelques titres d'œuvres et demander aux élèves de partager ce qui les a marqué·es de celles-ci. Installer une ambiance de respect de la parole afin que cela ne devienne pas un débat sur les goûts personnels, mais un partage de perspectives et d’impacts qui puissent enrichir notre regard sur le monde et les arts.
Comment les arts peuvent-ils nous élever personnellement, moralement, professionnellement, amoureusement, intellectuellement, spirituellement et plus encore?
DISCUSSION POST SPECTACLE
Évidemment, il est plus que pertinent de faire des liens avec votre préparation s’il y a lieu. Vous pouvez donc revenir sur les questions pré-spectacle et rebondir sur les échanges que vous aviez eus au préalable. L’idée est d’approfondir votre expérience par le partage de vos perceptions et sensations.
Que représentent pour vous les métamorphoses de la scénographie, les différents mouvements de la maison?
Comment Jean-Philippe Pleau, qui n’est pas comédien, a-t-il été dirigé? Avez-vous remarqué une évolution dans sa présence sur scène?
- Qu’y a-t-il d’universel dans le récit de Jean-Philippe?
Quels sont les événements ou les anecdotes qui vous ont marqué·es?
Vous êtes-vous reconnu·e·s dans des éléments de son récit?
Comment avez-vous perçu et interprété la présence de trois Jean-Philippe Pleau sur scène?
Comment fait-on pour vaincre les conséquences de l’ignorance?
Comment fait-on pour ne pas avoir peur ou mépriser l’ignorance?
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Photos en répétition: Rue Duplessis | Ma petite noirceur




