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Duceppe
Profil d'artiste

Eugene Stickland

biographie

Du haut de ses 6 pieds 5 pouces (2 mètres), Eugene Stickland parle avec les anges et son regard porte haut et loin. Son imaginaire s’est abondamment nourri des plaines de la Saskatchewan, où il est né en 1956, de ses grands espaces et de ses hivers rigoureux. C’est sans doute ce qui lui donne ce souffle ample qui lui permet d’écrire une nouvelle pièce tous les dix-huit mois en moyenne depuis bientôt quinze ans et ce style, décapant et ironique, qu’on retrouve dans chacune de ses œuvres. Eugene Stickland, qui vit actuellement à Calgary avec sa femme et sa fille, rêve d’habiter un jour Montréal et est d’abord et avant tout un homme de famille. Ce thème, de même que celui de l’identité au détour de la quarantaine, est d’ailleurs au cœur des pièces qu’il écrit. Noël de force n’y fait pas exception. Et il en traite avec beaucoup de lucidité. Les travers de la vie, les petits et les grands détails du quotidien, les plaisirs et les difficultés à vivre ensemble sont des sujets privilégiés pour lui. Il les aborde avec un humour noir et, en même temps, attendrissant. Et il semble bien que le public se reconnaisse dans ses pièces et qu’il y prenne un réel plaisir, car l’auteur, s’il est critique, n’en est pas moins tendrement fasciné par ses contemporains. Qui aime bien châtie bien, dit-on. Dans la famille de Eugene Stickland, personne n’a fait de théâtre avant lui. Lorsqu’il cherche les raisons qui l’y ont mené, il parle alors aussitôt, avec beaucoup de tendresse, de ses parents. Son père était fonctionnaire et sa mère institutrice. «Nous n’étions pas riches et, bien sûr, nous n’avions pas les moyens d’aller à New York pour voir les dernières productions de Broadway. Mais chez nous, le monde des arts comptait beaucoup. Ma mère jouait, fort bien d’ailleurs, de l’orgue. Je me rappelle aussi que lorsque j’étais encore petit garçon, ma grand-mère me lisait souvent des contes et des poèmes.» Plus tard, il souhaitera devenir romancier afin d’exprimer sa propre musique intérieure. Mais sa destinée le réservait toutefois pour le théâtre. «Lorsque j’avais à peine 20 ans et que j’étudiais à l’Université de Régina, j’ai eu l’occasion d’écrire une pièce de théâtre qui fut ensuite produite. Ce n’était pas une grande œuvre ni une réussite sur le plan du spectacle, mais ça m’a permis de saisir toutes les possibilités que m’offrait le théâtre d’exprimer ma pensée. Plus important encore, alors que j’avais décidé de poursuivre mes études et de faire une maîtrise sur la langue anglaise, j’ai choisi de partir pour Toronto et d’y obtenir une maîtrise en théâtre à l’Université York. J’y suis resté dix ans, mais je n’ai jamais senti que je pourrais y prendre racine.» C’est à Toronto pourtant que débute véritablement sa carrière alors que ACT IV Theatre Company présente ses pièces The Family, Quartet et Darkness on the Edge of Town. Nous sommes alors au milieu des années 1980. Un dramaturge vient de naître. En 1989, il quitte Toronto et retourne en Saskatchewan. Il écrit alors pour le cinéma, la radio et le théâtre tout en enseignant au Saskatchewan Indian Federated College et à l’Université de Régina. C’est dans cette ville qu’il écrit Some Assembly Required (Noël de force). «À cette époque, en 1993, mon père était encore vivant. Ma mère et lui vivaient dans la maison où se trouvaient tous mes souvenirs. Depuis, mon père est décédé et ma mère vit désormais dans une résidence pour personnes âgées. Pour moi, il n’y a donc plus de maison, plus de références concrètes à mes souvenirs d’enfance, dont tous ces jeux de sociétés, tous ces jouets qu’on finit un jour par remiser au sous-sol, dans une sorte de bric-à-brac précieux parce qu’ils représentent les traces de notre enfance et qu’ils marquent une partie de notre mémoire. C’est ce qu’a fort bien compris Monique Duceppe pour la création québécoise de ma pièce, ce qui n’avait jamais été le cas jusqu’alors dans les précédentes productions au Canada anglais, puisque, lorsque je suis allé rencontrer les comédiens de la distribution, quel n’a pas été mon plaisir de retrouver ce bric-à-brac grâce aux nombreux accessoires installés dans la scénographie de Marcel Dauphinais.» À la suite de la création de cette pièce au playRites 1994, Eugene Stickland déménage à Calgary, en Alberta. L’année suivante, Some Assembly Required était mis en nomination pour le prix du Gouverneur général dans la catégorie théâtre. «À partir du moment où je me suis installé à Calgary, j’ai eu l’impression de me trouver au bon endroit au bon moment.» En effet, il y est accueilli par l’Alberta Theatre Project à titre d’auteur en résidence. «Depuis cinq ans, je n’ai plus à enseigner et grâce à l’Alberta Theatre Project, je peux me consacrer exclusivement à ce que j’aime le plus, écrire des pièces de théâtre. Cette situation est une chose plutôt rare au Canada anglais et je me sens donc privilégié.» Ainsi, d’autres pièces suivront, dont Sitting on Paradise, créée à l’Alberta Theatre Project playRites 1996 et A Guide to Mourning, créée par la même compagnie au playRites 1998. Deux autres pièces, The Hen House (1998) et Closer and Closer Apart (1999) seront créées au Lunchbox Theatre de Calgary. À l’automne 1998, Eugene Stickland participait à la première Résidence québécoise des auteurs dramatiques organisée par le Centre des auteurs dramatiques (Cead) à Tadoussac. Il fait alors la connaissance de celui à qui la traduction de Some Assembly Required (Noël de force) a été confiée: René Gingras. Au cours de ces deux semaines près des fjords du Saguenay, Eugene Stickland en profite également pour écrire sa plus récente pièce intitulée Appetite, dont les répétitions ont débuté à Calgary à la fin de novembre dernier en vue de sa création par l’Alberta Theatre Project au PanCanadian playRites 2000, en janvier. Le 23 novembre 1998, quelques semaines seulement après ce séjour à Tadoussac, la Compagnie Jean Duceppe, en collaboration avec le Cead, proposait une lecture publique de Noël de force à la Cinquième salle de la Place des Arts. L’année 1999 s’est avérée prolifique pour Eugene Stickland. Outre la création québécoise de sa pièce Noël de force par la Compagnie Jean Duceppe, deux de ses pièces ont été éditées chez Red Deer College Press sous le titre 2 Plays by Eugene Stickland: Sitting on Paradise and A Guide to Mourning. Sa pièce Some Assembly Required avait déjà été éditée, en 1995, chez Coteau Books, à Régina. Eugene Stickland qui a commencé à apprendre le français et qui s’est donné l’occasion de le pratiquer en fréquentant les cafés du boulevard Saint-Laurent au cours de son séjour montréalais, en novembre dernier, se promet de le parler encore plus couramment.