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Duceppe

Fukushima - Survol en quelques points clés

18 février 2020

Survenue le 11 mars 2011, la catastrophe de Fukushima est classée au niveau 7 sur l’échelle de gravité des événements nucléaires, soit un degré identique à celui de Tchernobyl en 1986, en particulier par le volume de rejets radioactifs. Elle a inspiré à l’autrice Lucy Kirkwood sa pièce Les enfants.

11 mars 2011: naturelles et nucléaire, trois catastrophes

À 14 h 46 (heure de Tokyo), le Japon est frappé par un séisme de magnitude 9, le plus puissant jamais enregistré au pays. L’épicentre se situe à 130 kilomètres au large de Sendai et à 30 kilomètres de profondeur. Il génère un dévastateur tsunami qui s’abat sur 500 kilomètres de côtes et dont les vagues dépassent les 15 mètres. Le séisme et le tsunami ont directement causé la mort de 18 430 personnes, et, au 11 mars 2019, seulement 15 897 corps avaient été retrouvés, selon l’AFP. Mais la tragédie ne s’arrêtera pas là. Moins d’une heure plus tard, la centrale nucléaire Fukushima Daiichi est gravement accidentée après le passage d’une vague de 14 mètres de haut. Le tsunami prive la centrale d’alimentation électrique, les groupes électrogènes se trouvant dans les sous-sols inondés. Cette coupure stoppe les systèmes de refroidissement de trois réacteurs. Leur combustible nucléaire s’échauffe rapidement, avant de fondre puis s’écouler vers le sous-sol. Encore aujourd’hui, les recherches se poursuivent afin de retrouver tous ces débris mortels et les placer en lieu sûr. À 19 h 03, l’état d’urgence nucléaire est décrété par le gouvernement. Le premier ministre de l’époque ordonne l’évacuation des populations dans un rayon de deux kilomètres autour de la centrale. À 21 h 23, on étend ce rayon à trois kilomètres avec mise à l’abri jusqu’à dix kilomètres.

L’accident tourne au cauchemar

La semaine qui suit l’accident prend des allures de cauchemar. Entre les 12 et 15 mars 2011, trois explosions chimiques, liées à l’hydrogène dégagé, se succèdent. Elles endommagent les cuves et engendrent une grave crise nucléaire. Parmi les effectifs de la centrale, 16 travailleur·euse·s sont blessé·e·s. La zone d’exclusion est étendue à 20 kilomètres et une mise à l’abri volontaire — recommandée aux enfants, aux femmes enceintes et aux personnes hospitalisées — est établie jusqu’à 30 kilomètres autour du site ravagé. Des comprimés d’iode sont distribués aux sinistré·e·s afin de prévenir des cancers de la thyroïde. On compte 160 000 habitant·e·s qui ont dû fuir la radioactivité consécutive à l’explosion de la centrale de Fukushima Daiichi. Certain·e·s ne reviendront jamais dans la région. L’évacuation de la zone des 20 kilomètres est accompagnée de l’abandon de milliers d’animaux, surtout des bovins.
Un ancien producteur laitier visite une fois par mois sa ferme abandonnée, située près de la centrale nucléaire, pour effectuer ses propres mesures des niveaux de radioactivité. © Ko Sasaki pour le New York Times

Tout ce qui est possible pour refroidir les réacteurs

Alors que les recherches se poursuivent pour retrouver des milliers de disparu·e·s à la suite du monstrueux tsunami, les autorités japonaises luttent par tous les moyens pour tenter de refroidir les réacteurs de la centrale, afin d’éviter une catastrophe. Des tonnes d’eau sont utilisées. Tokyo Electric Power Company (Tepco), l’exploitant de la centrale, ne sait pas comment se débarrasser du million de mètres cubes d’eau contaminée, alors il la stocke dans d’immenses citernes. On estime qu’elles seront pleines en 2022. « Le rejet dans l’environnement (mer ou air) de l’eau contaminée de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi est l’unique option restante après que les expert·e·s eurent exclu un stockage de longue durée », précisaient les autorités japonaises à l’AFP en décembre dernier.
Réservoirs de stockage d’eau radioactive à la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi. © Toru Hanai / Reuters

Où en sommes-nous aujourd’hui ?

Le 19 septembre 2019, trois anciens dirigeants de Tepco, accusés en 2016 de ne pas avoir pris les dispositions qui auraient permis d’éviter les dégâts causés aux installations ainsi que les avaries en chaîne qui ont suivi, sont acquittés.
Un rassemblement devant le tribunal du district de Tokyo, le 19 septembre 2019, pour protester contre les acquittements. © Kazuhiro Nogi /Agence France-Presse - Getty Images
Même si l’accident de la centrale nucléaire n’a officiellement pas causé de décès direct, on dénombre, à ce jour, des centaines de morts attribuées au chaos des évacuations en 2011 ainsi qu’aux conditions difficiles et au traumatisme endurés par les personnes déplacées. Neuf ans après la catastrophe de Fukushima, les opérations de refroidissement des réacteurs et de démantèlement de la centrale se poursuivent. Encore aujourd’hui, 7 000 personnes y travaillent tous les mois. Selon Tepco, elles ne dépassent pas la dose limite d’exposition aux matières radioactives. Les opérations devraient s’achever dans trente ou quarante ans.
Un travailleur sur le mur extérieur du bâtiment du réacteur 2. © Ko Sasaki pour le New York Times