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Duceppe

Entrevue avec François Barbeau, créateur de costumes

25 avril 2014
Depuis le début des représentations des Liaisons dangereuses chez DUCEPPE les éloges abondent sur les costumes époustouflants de cette pièce qui sont des créations de François Barbeau. Dès le 25 mai 2014, le Centre d’exposition de l’Université de Montréal présentera l’exposition François Barbeau, créateur de costumes soulignant sa carrière exceptionnelle. Rencontre avec un de nos plus grands créateurs : Tout d’abord, parlons des Liaisons dangereuses. La production comprend 9 comédiens. Cela représente combien de costumes ? Je ne les ai pas comptés ! Mais, en général, les femmes ont trois costumes et les hommes ont des costumes de base qui se transforment au cours de la pièce. Beaucoup de changements de costumes et beaucoup de transformations. C’est exceptionnel d’avoir autant de costumes ! Duceppe Liaisons 0082-800Sont-ils tous faits sur mesure pour les acteurs ? Non. Certains costumes sont des originaux de l’époque 1945 à 1950, en particulier les tailleurs, les manteaux, les jupons et les dessous. C’est pour cela que la production a été plus longue à mettre en marche car il y avait un grand travail de recherche à faire pour dénicher des costumes originaux. Ceux qui ont été impossibles à trouver ont été créés sur mesure en se basant sur les vêtements d’époque. À la première lecture d’un texte de théâtre avez-vous déjà une idée du style que prendront vos costumes ? Commencez-vous tout de suite à faire des croquis ? Dans le cas des Liaisons dangereuses, j’ai gardé l’optique de l’époque d’après-guerre. Je commence par faire une recherche de silhouettes. Je fais beaucoup de dessins préliminaires. Pour une maquette officielle d’un costume, je peux faire une dizaine de dessins préliminaires. Duceppe Liaisons 0217-800Quelles ont été vos plus grandes inspirations pour créer les costumes de cette pièce ? C’est évident que c’est Dior ! Le mouvement New Look commençait déjà à se dessiner avant la guerre. Évidemment la Seconde Guerre mondiale a mis un frein à cet essor. Mais dès la fin de la guerre, c’est Dior qui a grandement popularisé cette mode tout comme le créateur Jacques Fath qui travaillait aussi dans cette même direction. Ils ont été mes inspirations pour cette production. Est-ce difficile de recréer une mode aussi iconique que le New Look de Christian Dior ? J’ai essayé de travailler dans l’esprit de cette période et non pas de revoir cette période à travers notre époque actuelle. J’ai la chance, si on peut appeler ça une chance, d’avoir vécu cette époque même si j’étais très jeune. Je me souviens très bien du chambardement que cette mode avait créé. Je me souviens des démonstrations anti-jupe longue ! J’étais très jeune, mais je trouvais cela fascinant. Alors tout ça pour moi, c’était un éveil. Et quand nous étudions l’histoire de la mode, on se rend compte, ô combien, cette époque était cruciale. Duceppe Liaisons 0544-800Est-ce que vous essayez de donner un style personnel à chacun des personnages selon leurs traits de caractère ? Oui, peu importe la pièce, ça influence toujours ma façon de travailler. Par contre, je dois dire que pour Les Liaisons dangereuses, c’était en fait assez simple. Les vilains sont très vilains, les gentils sont très gentils et les naïfs sont vraiment très naïfs ! Vous avez créé des costumes pour des pièces et des films qui se passent à différentes époques : pour Les Liaisons dangereuses les années 1940, pour Le Diable rouge la cour de Louis XIV, pour Le Lion en hiver au Moyen Âge. Vous avez créé des costumes pour des pièces de Molière, de Shakespeare et de Tchekhov. Aimez-vous vous plonger dans une époque particulière? Oui, c’est vraiment très intéressant. Plus on va dans le passé, plus on a de la latitude puisque aucun spectateur n’a vraiment vécu à cette époque. Mais les pièces contemporaines sont aussi un beau défi. Je commence déjà à penser à la pièce de décembre prochain Les Chroniques de Saint-Léonard. Il faut trouver l’astuce pour que les gens de Saint-Léonard se reconnaissent dans ces vêtements et que les gens qui n’ont jamais mis les pieds dans ce quartier puissent apprendre quelque chose sur ce milieu. C’est la vérité borderline : si nous arrivons à trouver cet équilibre, il n’y aura pas de problème, mais si nous chargeons trop, ou même pas assez, les costumes, cela peut nuire à la pièce. Duceppe Liaisons 0068-800Vous aimez créer de l’illusion dans vos costumes. Vous utilisez souvent des matériaux non conventionnels. Je pense par exemple au costume de l’évêque dans Sainte Jeanne où vous aviez utilisé des soldats de plomb recouverts de feuilles d’or pour évoquer le style baroque. Aimez-vous utiliser des accessoires peu coûteux et leur donner une autre fonction ou un look somptueux ? Oui, mais souvent cette utilisation vient du fait que nous n’avons jamais les budgets au théâtre pour utiliser des matériaux de grande qualité. Il faut donc improviser. Dans ce cas-ci, les GI Joe donnaient vraiment l’impression, de loin, de grandes broderies. Ça fait partie du monde du théâtre, il y a beaucoup d’illusions. Par contre, vous ne verrez pas ça dans Les Liaisons dangereuses. Du fait que c’est un grand drame intime se déroulant dans une époque très précise, l’utilisation de matériaux non traditionnels ne fonctionnerait pas ! Du 25 mai au 7 décembre 2014 le Centre d’exposition de l’Université de Montréal présentera une exposition témoignant de l’ensemble de votre carrière. Vous avez collaboré à plus de 660 productions. À quoi les visiteurs peuvent-ils s’attendre ? On va souligner mes productions les plus marquantes et spectaculaires. Nous allons aussi présenter une partie du travail que j’ai fait pour le Cirque du Soleil et mes costumes pour des productions plus récentes. Les visiteurs pourront voir de près des costumes et des maquettes originales.

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Pour en savoir plus sur l’exposition François Barbeau, créateur de costumes. Jusqu’au 9 mai, participez au concours Votez pour votre costume préféré des Liaisons dangereuses.